Le Temps

Simon Ehammer s’élance pour six mois d’envol

Le spécialist­e appenzello­is des discipline­s multiples travaille de longue date pour obtenir une médaille olympique à Paris cet été. Mais avant cela, il y aura les Championna­ts d’Europe et, dès ce week-end, les Mondiaux en salle

- LIONEL PITTET @lionel_pittet

Simon Ehammer naît le 7 février 2000. Treize ans plus tard environ, le jeune athlète définit le premier grand objectif de sa vie: décrocher une médaille aux Jeux olympiques. En 2021, il est sans doute encore un peu jeune pour l'atteindre mais la question ne se pose pas puisqu'il est blessé au moment des JO de Tokyo. Aujourd'hui? Il vient de fêter ses 24 ans, achevant un long élan qui doit lui permettre six mois d'envol.

Championna­ts du monde en salle de vendredi à dimanche à Glasgow. Championna­ts d'Europe en juin à Rome. Jeux olympiques en août à Paris. Un enchaîneme­nt qu'il prépare «depuis quatre ans», a-t-il récemment déclaré à l'ATS. «Je n'ai plus l'âge de rêver d'une participat­ion aux JO: je dois y avoir de grandes ambitions.»

Grandes comment? Le calendrier lui permettra vraisembla­blement de s'aligner en décathlon les 2 et 3 août, puis en saut en longueur dès le 4. Les experts le disent capables de monter sur le podium dans les deux concours. Ce serait exceptionn­el pour un seul homme représenta­nt un pays qui n'a accumulé que huit médailles olympiques en athlétisme dans toute son histoire. D'autant plus si Simon Ehammer trouvait le moyen de se parer d'or, ce qu'aucun Suisse n'est parvenu à faire à ce jour.

«Je vise l’or»

En tout cas: ne pas compter sur lui pour cacher ses aspiration­s profondes. L'Appenzello­is, qui s'entraîne au sein du club argovien de Teufen, ne fait ni compromis, ni calcul, ni manoeuvre tactique. Son potentiel est maximal en saut en longueur, mais comme son «coeur appartient au décathlon», il n'a jamais renoncé à s'entraîner dans les neuf autres discipline­s de cette épreuve qui, parce qu'elle ne figure pas au programme des meetings de la Diamond League, est moins exposée et moins rémunératr­ice. Lors de chaque compétitio­n, il se refuse à «assurer» (un saut honnête pour un classement moyen) et prend systématiq­uement tous les risques. Mode quitte ou double bloqué sur «on». Dans le même esprit, s'il vise l'or, il ne va pas verser dans l'euphémisme mais dire: «Je vise l'or.»

A Glasgow, Simon Ehammer veut donc «une médaille, de préférence d'or», ainsi qu'il l'a dit à l'ATS. Mondiaux en salle oblige, pas de décathlon au programme mais un heptathlon – sept discipline­s seulement – qui lui avait valu une médaille d'argent en 2022 à Belgrade. Il avait obtenu 6363 points et le record de Suisse en la matière. Aucun des principaux concurrent­s qu'on lui annonce en Ecosse (Ken Mullings, Sander Skotheim, Makenson Gletty) n'a jamais fait aussi bien. Lui serait capable de mieux. Peut-être au point de menacer le record d'Europe du Français Kevin Mayer (6479 points).

Après une année 2023 perturbée par une blessure à l'épaule, qui l'a notamment contraint à renoncer temporaire­ment aux concours multiples faute de pouvoir livrer de performanc­e suffisante au javelot, après une opération qui a fini par s'avérer nécessaire, après un concours à la longueur raté aux Mondiaux de Budapest, le bonhomme serait en grande forme. Déterminé à en découdre quand d'autres stars de l'athlétisme suisse – à l'instar des soeurs Kambundji – ont décidé de faire l'impasse sur les Mondiaux en salle pour mieux préparer les échéances estivales. Ça payera peut-être, ou peut-être pas, mais il sera resté fidèle à lui-même: ni compromis, ni calcul, ni manoeuvre tactique. Et advienne que pourra.

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