Le Temps

Un trio prendra la direction du Théâtre du Loup

Julie Gilbert, Jérôme Richer et JeanLouis Johannides succéderon­t en juin 2025 aux fondateurs Eric Jeanmonod et Rossella Riccaboni, à la tête d’une institutio­n qui se veut à part

- A. DF

«Le Théâtre du Loup offre à Genève le plus beau rapport qui soit entre la scène et la salle, on s’y sent chez soi», s’enflamme l’auteur Jérôme Richer, futur codirecteu­r de cette institutio­n genevoise. Il en prendra les rênes à partir de l’été 2025, avec la scénariste et écrivaine Julie Gilbert et le comédien Jean-Louis Johannides. La commission de nomination – formée d’un membre de la direction du Théâtre du Loup, de représenta­nts de l’Associatio­n du Théâtre du Loup, de deux experts externes et d’un délégué de la ville et du canton – perpétue ainsi l’histoire d’une compagnie et d’un lieu nés en 1978 d’un désir collectif.

Une petite révolution se prépare donc au bord de l’Arve, là où le Loup a ses murs depuis 1993, ses lumières, son école, le tout réuni dans un bâtiment aux allures d’entrepôt portuaire. Elle se fera en bande, comment aurait-il pu en être autrement? L’histoire de cette brigade, qui a fait de l’esprit du conte et d’un certain humour graphique et tendre son cap, se conjugue au pluriel dès l’origine. Elle prend corps en 1978, portée par Sandro Rossetti, Véronique Berthet et Eric Jeanmonod, rejoints plus tard par le comédien François Berthet et la chorégraph­e et danseuse Rossella Riccaboni. Cette dernière codirige toujours la maison avec Eric Jeanmonod, Margaux Genton et Pauline Catry.

Mais qu’entend faire le nouveau triumvirat nommé pour quatre ans, mandat renouvelab­le deux fois – l’un de quatre ans, l’autre de deux? «Nous voulons proposer des histoires et des formes qui correspond­ent à l’époque, ce qui implique une réflexion sur les sujets et les traitement­s,

«L’ambition est que le plus grand nombre de gens se sentent représenté­s sur scène» JÉRÔME RICHER, FUTUR CODIRECTEU­R DU THÉÂTRE DU LOUP

raconte Jérôme Richer. L’ambition est d’élargir nos imaginaire­s, de prendre en compte l’extraordin­aire diversité de la population, pour que le plus grand nombre de gens se sentent représenté­s sur scène, pour que nos regards changent aussi.»

La conquête d’un quartier

L’enjeu est à la fois artistique et social, ajoute ce jeune quinquagén­aire, auteur de pièces qui ont marqué le public romand. «Le quartier où se situe le Loup est en pleine transforma­tion. On prévoit dix mille nouveaux logements dans cette zone qu’on appelle le PAV – Praille, Acacias et Vernets. On a envie de connaître ses habitants, de documenter leur existence et à terme de proposer un spectacle nourri de cette matière. Il s’agira aussi, in fine, qu’ils viennent au Loup, qu’ils se sentent impliqués par ce qu’on y fait et vit.»

L’ambition est stimulante sur le papier. Julie Gilbert, Jean-Louis Johannides et Jérôme Richer ont l’avantage de la maturité. Ils ont bourlingué, en Afrique, en Amérique du Sud, en Europe. Le Loup ne doit pas être une scène de plus, souligne Jérôme Richer. Cela tombe bien: il s’est toujours voulu unique en son genre.

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