La Slovénie, antenne de la pharma suisse
Le petit pays d’Europe centrale est discrètement devenu l’un des principaux partenaires commerciaux de la Suisse ces dernières années. Une progression qui s’explique par son importance pour l’industrie pharmaceutique helvétique
En regardant de près la liste des principaux partenaires commerciaux de la Suisse, on trouve des noms attendus comme les mastodontes chinois et américains, ou encore ceux des voisins européens que sont l’Allemagne et la France. Mais très haut dans cette liste apparaît aussi la Slovénie et ses un peu plus de 2 millions d’habitants. Ces dernières années, les échanges commerciaux entre les deux pays se sont intensifiés.
Plus de vingt ans de présence
L’an passé, le petit pays d’Europe centrale était le sixième en termes d’importations, avec un peu plus de 12 milliards de francs (sur un total de 225 milliards), juste derrière la Chine. Pourtant, en 2018 encore, il fallait remonter au-delà de la 50e position dans le classement des pays depuis lesquels la Suisse importe. En 2023, la Slovénie était aussi la quatrième destination des exportations suisses, juste devant la Chine et la France, pour 15 milliards de francs sur des exportations totales de 274 milliards selon les chiffres de l’Office fédéral de la douane et de la sécurité des frontières. Derrière cette importance de la Slovénie dans les échanges commerciaux helvétiques se cache le développement des activités de la pharma suisse dans le pays, particulièrement celles de Novartis et de Sandoz.
Ces liens remontent à 2002, avec le rachat par Novartis de Lek, une entreprise pharmaceutique slovène spécialiste des médicaments génériques (copies de traitements dont les brevets ont expiré). Depuis cette époque, le laboratoire pharmaceutique a installé dans le pays différents centres de compétences. La Slovénie propose une main-d’oeuvre avec un niveau de formation élevé mais des coûts réduits.
Selon un rapport sur l’économie slovène publié par l’ambassade de Suisse à Ljubljana, les activités de Novartis pesaient à elles seules pour 3,3% du PIB slovène en 2022, qui s’élevait à 57 milliards d’euros. En décembre 2018, le logisticien basé dans le canton de Schwytz Kuehne +Nagel annonçait l’ouverture d’un centre logistique de 38 000 m² dédié à l’industrie pharmaceutique à proximité de l’aéroport de Ljubljana.
Des investissements en pagaille
Les opérations de Novartis en Slovénie n’ont pas été épargnées lors de la restructuration entreprise par le groupe pour se concentrer sur le développement de médicaments innovants. Lors de la scission achevée en octobre dernier de Sandoz, son ancienne branche dédiée à la production de génériques et de biosimilaires (copie d’un médicament biologique, c’est-à-dire produit à partir d’une cellule, d’un organisme vivant ou dérivé de ceux-ci), Novartis a transféré le contrôle de Lek à cette nouvelle entité.
Mais cette réorganisation ne signifie pas que la pharma suisse entend se désengager du pays. Le groupe bâlois continue d’employer environ 3600 personnes dans le pays et dispose de trois sites de production.
Fraîchement indépendant, Sandoz revendique la position de cinquième employeur du pays avec également un peu plus de 3600 employés sur trois sites.
Mais surtout, les deux groupes ont annoncé d’importants investissements dans le pays ces derniers mois. En juillet dernier, Novartis annonçait un investissement de 111 millions d’euros dans son centre de recherche et développement consacré aux produits biologiques ainsi qu’aux thérapies cellulaires et géniques à Menges qui devrait permettre la création de 100 emplois supplémentaires d’ici à 2026. Le groupe construit également une nouvelle unité de conditionnement stérile dans la capitale slovène.
Sandoz n’est pas en reste, puisqu’il a annoncé l’an passé vouloir mettre en place un centre de développement dédié aux biosimilaires pour un montant d’environ 90 millions de dollars (80 millions de francs). Il doit également entrer en fonction en 2026, lui aussi à Ljubljana. Cette somme s’est accompagnée d’un autre investissement de 400 millions de dollars (375 millions de francs) dans une usine consacrée à la production de ces médicaments à Lendava, qui devrait entraîner la création de 300 emplois. ■