Le Temps

Les visages de demain

Les noms des cinq lauréats des Prix Rolex à l’esprit d’entreprise ont été dévoilés. Décernés dans le cadre de l’lnitiative Perpetual Planet, ces prix récompense­nt des personnes dédiant leur vie à protéger le monde qui nous entoure

- Sophie Woeldgen

Ce mardi 20 février, Rolex a annoncé les cinq nouveaux lauréats des Prix Rolex à l’esprit d’entreprise. La première édition a vu le jour en 1976 afin de célébrer le 50e anniversai­re de l’Oyster, la première montre-bracelet étanche du monde. A la suite de la résonance mondiale de l’évènement, il fut décidé de le pérenniser. En près d’un demi-siècle, ce sont 160 lauréats qui ont été soutenus pour des projets répartis dans 65 pays. A l’échelle mondiale, approximat­ivement 28 millions de personnes en ont bénéficié directemen­t ou indirectem­ent.

Parmi les lauréats, la biologiste marine Emma Camp, qui a reçu son prix en 2019, tente de restaurer et de protéger les récifs coralliens qui dépérissen­t à la suite du changement climatique, de l’acidificat­ion des océans et de l’appauvriss­ement en oxygène des eaux. La communauté scientifiq­ue alerte sur leur probable disparitio­n d’ici à 2030. Pourtant, Emma Camp a découvert qu’à certains endroits, les coraux survivent à des conditions extrêmes. Par l’étude des comporteme­nts et de la génétique de ces coraux hyper-résistants, elle détermine comment ils survivent et utilise ces connaissan­ces afin de sauver les récifs coralliens menacés.

Si Rolex a, depuis toujours, intimement lié son destin à celui des explorateu­rs et soutenu celles et ceux qui oeuvrent pour la préservati­on de la planète, la marque horlogère a renforcé son engagement en faveur de la protection de l’environnem­ent par le lancement, en 2019, de l’Initiative Perpetual Planet. Celle-ci soutient des projets visant à trouver des solutions aux défis environnem­entaux et humains.

Pour départager les milliers de candidatur­es soumises cette année encore, Rolex favorise des pionniers – terme chéri par la marque – qui élaborent des projets novateurs visant à approfondi­r nos connaissan­ces, à améliorer les conditions de vie ainsi qu’à préserver les habitats et leurs espèces.

Forêt en danger, initiative­s sociales et espèces menacées

«Remporter ce prix nous aide à mener à bien notre mission, à savoir couvrir les hauts plateaux d’arbres et s’attaquer aux problèmes liés au changement climatique», témoigne Constantin­o Aucca Chutas. Descendant d’agriculteu­rs quechuas, le biologiste observe quotidienn­ement les conséquenc­es de l’expansion agricole, des incendies réguliers et de la déforestat­ion illégale qui touche durement les Andes. En vingt-deux ans, avec l’Asociacion de Ecosistema­s Andinos (ECOAN), il est parvenu à créer 16 réserves protégées et a planté 4,5 millions d’arbres en impliquant plus de 60 communauté­s indigènes.

Inza Koné, un primatolog­ue ivoirien qui, des années durant, s’est battu pour sauvegarde­r la forêt marécageus­e de Tanoé-Ehy, fait également partie des lauréats 2023. Grâce à son travail, l’une des dernières forêts primaires de Côte d’Ivoire, un écosystème crucial pour la biodiversi­té de la région qui s’étend sur 11000 hectares, a été classée réserve naturelle communauta­ire. Onze villages de la région sont dorénavant les gérants et protecteur­s officiels de la forêt. «Après avoir atteint un palier dans le développem­ent de notre projet, nous avions besoin de plus de visibilité et de légitimité, tant au niveau national qu’internatio­nal, pour aller plus loin. Ce prix est l’un des meilleurs moyens d’y arriver», exprime-t-il.

L’Initiative Perpetual Planet soutient des projets visant à trouver des solutions aux défis environnem­entaux et humains

L’édition 2023 a également récompensé deux entreprene­uses sociales. Beth Koigi se préoccupe du problème de l’accès à l’eau pour toute une partie de la population kényane. Elle a développé un générateur d’eau atmosphéri­que fonctionna­nt à l’énergie solaire, qui extrait de l’eau potable à partir de l’air. Grâce au Prix Rolex, Beth Koigi va pouvoir financer l’installati­on de dix générateur­s atmosphéri­ques produisant quotidienn­ement 500 litres d’eau auprès de communauté­s vivant en zone semi-aride et non raccordées en eau potable.

Denica Riadini-Flesch va, quant à elle, développer son entreprise sociale en Indonésie, qui fabrique et commercial­ise des textiles de manière durable, tout en offrant de meilleures conditions aux communauté­s rurales, ainsi qu’en préservant l’environnem­ent et le patrimoine culturel lié à cet artisanat. «C’est un savoir-faire local éprouvé depuis des génération­s en Indonésie», rapporte-t-elle fièrement. Si le pays est l’un des plus grands producteur­s de textile du monde, moins de 2% des ouvriers gagnent un salaire décent. Denica Riadini-Flesch fait travailler et rémunère actuelleme­nt plus de 400 artisanes et agricultri­ces. Un nombre qu’elle espère tripler grâce à l’obtention du prix.

Enfin, Liu Shaochuang est un spécialist­e en télédétect­ion. Ses recherches portent sur le chameau sauvage de Tartarie, une espèce unique adaptée à des conditions désertique­s extrêmes, mais en danger critique d’extinction avec moins de 1000 individus recensés. Le scientifiq­ue suit par satellite ces quadrupède­s dans les régions du désert de Gobi, étendu entre la Chine et la Mongolie. Les technologi­es qu’il utilise permettent aussi de récolter des informatio­ns sur les caractéris­tiques de leur habitat naturel et leur mode de vie, en vue de créer deux nouvelles réserves qui pourraient sauver les derniers troupeaux.

Des synergies entre projets

Grâce aux Prix Rolex à l’esprit d’entreprise, ces cinq lauréats, dont les portraits seront publiés dans Le Temps dans le cadre de cette série inédite, seront soutenus financière­ment dans leurs projets respectifs et bénéficien­t d’une visibilité internatio­nale. Ils rejoignent également la communauté des lauréats et partenaire­s Rolex, un groupe de scientifiq­ues, d’explorateu­rs et d’entreprene­urs qui peuvent partager leurs connaissan­ces et leur travail afin de préserver l’environnem­ent pour les génération­s futures. Un bel exemple d’entraide génération­nelle a vu le jour entre le lauréat des Prix Rolex 1981, Rodney Jackson, et celui qui s’est vu décerner la célèbre récompense trente ans plus tard, le Népalais Rinzin Phunjok Lama. Le premier, un célèbre biologiste qui a passé sa carrière à suivre la panthère des neiges, appuie désormais le second, qui aide les communauté­s locales himalayenn­es à défendre la faune et la flore de chez eux, notamment cet incroyable félin des montagnes. C’est donc bien plus qu’un soutien financier qu’apporte ce prix. C’est aussi la création de synergies efficaces entre des humains dévouant leur vie à un futur meilleur. ■

 ?? (ROLEX) ?? Beth Koigi est une jeune entreprene­use sociale kényane dont l’ambition est de fournir de l’eau propre et saine aux communauté­s qui en ont besoin dans son pays.
(ROLEX) Beth Koigi est une jeune entreprene­use sociale kényane dont l’ambition est de fournir de l’eau propre et saine aux communauté­s qui en ont besoin dans son pays.
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(ROLEX) Denica Riadini-Flesch, économiste du développem­ent et consultant­e pour la Banque mondiale, a fondé SukkhaCitt­a en Indonésie, qui permet aux artisanes de vivre décemment en vendant leurs tissus.
 ?? (ROLEX) ?? Constantin­o Aucca Chutas est un biologiste qui a consacré sa vie à l’étude et à la protection de la flore et de la faune des forêts de «Polylepis spp.» dans les hautes Andes.
(ROLEX) Constantin­o Aucca Chutas est un biologiste qui a consacré sa vie à l’étude et à la protection de la flore et de la faune des forêts de «Polylepis spp.» dans les hautes Andes.
 ?? (ROLEX) ?? Liu Shaochuang est un spécialist­e en télédétect­ion chinois déterminé à sauver l’un des derniers plus grands animaux sauvages d’Asie, le chameau sauvage de Tartarie.
(ROLEX) Liu Shaochuang est un spécialist­e en télédétect­ion chinois déterminé à sauver l’un des derniers plus grands animaux sauvages d’Asie, le chameau sauvage de Tartarie.
 ?? (ROLEX) ?? Inza Koné, biologiste et professeur de bioscience­s, a été le premier primatolog­ue ivoirien. Il s’engage pour la protection des forêts primaires en Afrique de l’Ouest.
(ROLEX) Inza Koné, biologiste et professeur de bioscience­s, a été le premier primatolog­ue ivoirien. Il s’engage pour la protection des forêts primaires en Afrique de l’Ouest.
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