«Stonehouse», attrape le député si tu peux
Et revoilà Matthew Macfadyen, ses airs mi-sincères, mi-fourbes. Loin, cependant, de son personnage de mari délaissé et machiavélique de Succession, mais confronté à un nouveau défi: incarner un personnage perpétuellement fuyant.
Stonehouse raconte une histoire vraie, et il vaut mieux qu’on nous le précise tant elle paraît incroyable. Dans les années 1970, un député travailliste de la Chambre des communes devient une valeur montante. Jeune et fringant, il dépoussière l’image du parti. On lui offre un petit ministère, l’aviation, ce qui l’amène à faire des visites industrielles en Tchécoslovaquie. De fait, les avions tchèques constituent un prétexte pour le piéger: il est filmé au lit avec son interprète. Chantage: il doit faire l’espion, mais le fait fort mal. Par ce biais toutefois, il s’enrichit. Et quand la source d’argent se tarit, il perd pied et va jusqu’à organiser sa disparition dans l’océan à Miami, pour mieux fuir. Sera-t-il retrouvé?
La distribution de Stonehouse est excellente, à commencer par Keeley Hawes dans la peau de son épouse et Emer Heatley dans celle de sa secrétaire et amante, mais sans conteste, le grand jeu est pour Matthew Macfadyen, mal coiffé et flanqué de rouflaquettes: il porte une figure à la fois fourbe et fuyante.
Stonehouse (pour le titre français, on nous précise «Député, amant et espion», histoire de ne rien oublier) a l’air d’une plaisante mini-série. Elle repose toutefois sur un pari pas si évident, même en trois petits épisodes: captiver avec ce héros qui, au fond, paraît intérieurement complètement vide, qui ne survit qu’en saisissant de fugaces occasions, qui triche comme il respire et se montre incapable d’imaginer à quel point ses actes peuvent blesser ses proches. Une gageure au service de cette histoire vraie, invraisemblable chapitre de la vie politique britannique. Le feuilleton garde toutefois une constante légèreté, musique chaloupée de saxo et cordes, qui le rend d’autant plus aimable. ■
«Stonehouse». Une mini-série de John Preston (2023), en trois épisodes de 50’. A voir sur Arte.tv, l’app d’Arte et Youtube.