Le vote sur la 13e rente changera-t-il le climat politique?
Des élus socialistes pressentent que la victoire du jour pèsera sur le cap politique général. Leurs homologues du centre et de droite préfèrent s’abstenir de toute conclusion définitive
Une droite conservatrice victorieuse lors des toutes récentes élections au Conseil national, et une initiative de la gauche syndicale largement approuvée ce dimanche par le peuple: le contraste est évident. Les vainqueurs du jour, minoritaires au parlement, pourront-ils en tirer profit à plus long terme? La législature va-t-elle connaître un recentrage?
Un impact au parlement
Même s’il est encore trop tôt pour le savoir définitivement, les acteurs politiques ne manquent pas d’idées et d’hypothèses. Et leur appréciation dépend – logiquement – du camp auquel ils appartiennent. Ainsi, au Parti socialiste, le co-chef du groupe aux Chambres Samuel Bendahan (VD) considère que, si «la population ne pense pas aux forces politiques lorsqu’elle vote, en revanche, le résultat de ce dimanche va avoir des conséquences au parlement».
Sa camarade, la sénatrice Flavia Wasserfallen (BE), pressent pour sa part «une énorme influence sur la suite de la législature et sur les réformes prêtes à passer en votation populaire. Car aujourd’hui, le signal est très clair: augmenter les rentes vieillesse. La droite doit donc arrêter ses plans d’affaiblissement des rentes AVS pour les veuves et les enfants des retraités». La Bernoise espère battre le fer pendant qu’il est chaud. En juin, la population se prononcera sur une initiative socialiste voulant limiter la charge des primes d’assurance maladie à 10% du revenu des ménages, en accroissant les subventions publiques. «Nous venons de faire un progrès pour les retraités, et il s’agit à présent de trouver une solution pour les familles.»
Et les primes maladie?
Parmi les vaincus du jour, le centriste Vincent Maitre (GE) pense justement que d’autres projets pourraient souffrir de la 13e rente AVS et de son impact de cinq milliards annuels. «Chaque discussion parlementaire sera mâtinée du souci d’équilibre financier, car nous prenons des engagements pharaoniques pour des décennies et des décennies. On risque des refus pour des projets parfois moins coûteux mais tout aussi importants. On hypothèque d’autres politiques publiques et sociales, comme le financement de la garde externe des enfants et les baisses des primes maladie.»
Sur la suite de la législature, le conseiller national ne voit pas de basculement dans le cap politique général. «On ne peut pas parler d’un coup de gouvernail contraire aux élections fédérales sur la base d’un seul vote sur un sujet spécifique. Vu le score, beaucoup d’électeurs ayant voté au centre et à droite en octobre ont aujourd’hui voté pour la 13e rente.»
La LPP, un «vrai test»
Le libéral-radical Olivier Feller (VD) préfère patienter aussi avant d’analyser le climat politique général. «Trois thématiques sensibles s’annoncent cette année en votation populaire: après l’AVS, il y aura la réforme du 2e pilier des retraites (LPP), et les coûts de la santé. On pourra faire le bilan à la fin de l’année. Si la gauche gagne sur les coûts de la santé et la LPP, cela déteindra sur l’évolution de la législature. Mais cela reste à voir: la population vote de façon différenciée d’un objet à l’autre.» Le Vaudois identifie un «vrai test» dans le vote à venir sur la LPP. «La gauche est unie, au contraire de la droite économique. Si le peuple vote non, cela chamboulera quelque peu le système de prévoyance vieillesse que nous connaissons depuis une quarantaine d’années.»
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