Le Temps

Le PAV n’est pas un champ de bataille

- S. R.

En politique, la ténacité n’est pas toujours gage de succès. Défaite en 2018, la droite a tenté une nouvelle fois de revenir à la charge pour augmenter la part de propriété privée sur l’immense périmètre du PAV (Praille-Acacias-Vernets) à Genève. La claque subie ce dimanche montre qu’elle n’a pas été suivie par la population, qui a réaffirmé sa volonté de construire en priorité des logements locatifs accessible­s au plus grand nombre sur les terrains publics. Sur les terrains privés, pas concernés par la votation, les milieux immobilier­s pourront se consoler en construisa­nt autant de propriétés par étages qu’ils le souhaitent pour répondre aux aspiration­s de la classe moyenne élevée.

Si ce vote clôt, définitive­ment espérons-le, le débat sur la clé de répartitio­n des logements, il doit aussi servir de leçon pour sortir d’une logique de blocages. Crucial pour le développem­ent futur de Genève avec un potentiel de quelque 12 000 nouveaux appartemen­ts, le PAV n’a cessé d’être le théâtre d’âpres luttes politiques ces dernières années, gauche et droite croisant le fer sur leur vision de l’aménagemen­t. Les règles du jeu étant désormais doublement validées, il est temps de mettre les querelles idéologiqu­es de côté pour aller de l’avant. Car la crise immobilièr­e s’aggrave, et les Genevois, toutes catégories confondues, ont de plus en plus de peine à se loger.

L’attributio­n des terrains constitue le prochain enjeu clé dans ce dossier. Début janvier, la Fondation PAV a dévoilé ses intentions de privilégie­r les maîtres d’ouvrage d’utilité publique sur les surfaces qui lui appartienn­ent. Une décision qui a crispé les acteurs immobilier­s privés, dénonçant une «décision arbitraire». Face à un énième risque de blocage, le nouveau président de la Fondation, le libéral-radical Bertrand Reich, qui a succédé au Vert Robert Cramer, aura la lourde tâche de mettre de l’huile dans les rouages pour éviter toute paralysie.

Il en va de la pérennité de ces futurs quartiers que les Genevois espèrent voir sortir de terre au plus vite. Les premiers appels à projets étant attendus dès 2025 pour les plans localisés de quartier entrés en force, puissent les forces politiques du canton s’accorder pour faire du PAV un vaste chantier, et non un champ de bataille.

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