Un enregistrement qui met Berlin dans l’embarras
L’Allemagne a annoncé une enquête très approfondie sur la fuite d’une conversation d’officiers de son armée de l’air discutant d’éléments confidentiels
Le chancelier Olaf Scholz a annoncé samedi que l’Allemagne enquêtait de manière approfondie sur la fuite d’un enregistrement d’officiers de l’armée discutant d’éléments confidentiels concernant la guerre en Ukraine.
«Il s’agit d’une affaire très grave et c’est la raison pour laquelle elle fait désormais l’objet d’une enquête très minutieuse, très approfondie et très rapide», a déclaré Olaf Scholz à l’occasion d’une visite à Rome.
Le Ministère allemand de la défense a confirmé qu’une conversation secrète de l’armée de l’air avait bien fait l’objet d’une écoute illégale. «Selon notre évaluation, une conversation au sein de la division de l’armée de l’air a été interceptée», a indiqué une porte-parole. Ne donnant pas une validation à 100%, elle a établi un lien assez clair avec la conversation divulguée : «Nous ne sommes pas en mesure de dire avec certitude si des modifications ont été apportées à la version enregistrée ou transcrite qui circule sur les réseaux sociaux», a-t-elle ajouté.
Vendredi, Margarita Simonyan, directrice de la chaîne russe RT soutenue par l’Etat, a mis en ligne un enregistrement audio de 38 minutes dans lequel, selon elle, des officiers de l’armée allemande discutent d’une attaque contre la Crimée le 19 février.
«Si c’est vrai, c’est problématique»
Dans l’enregistrement, on peut entendre des discussions sur l’utilisation possible par les forces ukrainiennes de missiles Taurus de fabrication allemande et sur leur impact potentiel. Il est notamment question de viser des cibles telles qu’un pont important sur le détroit de Kertch, qui relie la Russie continentale à la Crimée, annexée en 2014. Kiev réclame de longue date que l’Allemagne lui fournisse des missiles Taurus, qui peuvent atteindre des cibles situées à 500 km de distance.
Olaf Scholz a jusqu’à présent refusé d’envoyer ces missiles, craignant que cela ne conduise à une escalade du conflit. «Si cette histoire s’avère vraie, ce serait un événement très problématique», a déclaré Konstantin von Notz, membre du parti des Verts, à la chaîne de télévision RND. ■