Elon Musk, si mal placé pour donner des leçons sur l’IA
Les mots sont forts. Selon Elon Musk, l’évolution d’OpenAI en 2023 constitue «une trahison flagrante de l’accord de fondation». Jeudi soir, devant un tribunal de San Francisco, l’entrepreneur a déposé plainte contre l’éditeur de ChatGPT, affirmant qu’il ne respectait pas les principes sur lesquels la société, dirigée par Sam Altman, a été fondée.
A première vue, cette nouvelle attaque d’Elon Musk contre Sam Altman peut faire sourire. Car Elon Musk est très mal placé pour donner de telles leçons. Souvenons-vous qu’il y a une année, il cosignait une lettre ouverte appelant à mettre en pause durant six mois le développement de l’intelligence artificielle… tout en créant en parallèle sa propre entreprise active dans ce secteur.
Dans un autre registre, on peut aussi se demander si Elon Musk respecte toujours l’une des missions initiales de Twitter, «donner à chacun le pouvoir de créer et de partager des idées et des informations instantanément, sans barrières». Vu l’espace de non-droit qu’est devenu depuis le réseau social X, ce n’est pas certain…
Comme souvent avec Elon Musk, la forme empêche ainsi une discussion sérieuse sur le fond. Bien sûr, OpenAI est une entreprise commerciale, toujours étrangement chapeautée par une structure à but non lucratif. Mais, comme le soulignait le site spécialisé Wired, ce n’est pas une exception – il y a par exemple la Fondation Mozilla. Il faut accepter qu’OpenAI soit devenue une sorte de marionnette de Microsoft, osant avant elle lancer des services pour tester leur impact.
Ce qui est par contre intéressant, c’est le débat qui monte autour de l’open source. A la base, OpenAI devait en effet concevoir ses systèmes ainsi, pour que l’on puisse comprendre comment ils fonctionnent. Ce n’est pas le cas: ces systèmes sont fermés, et vu l’importance énorme de tous les services d’OpenAI, on se pose de plus en plus la question d’une certaine transparence de leur part.
Selon les experts, la plainte d’Elon Musk n’a quasiment aucune chance d’aboutir. Par contre, interroger en permanence les géants de la tech sur le fonctionnement de leurs systèmes semble aujourd’hui beaucoup plus pertinent – en espérant obtenir des résultats, ce qui n’est de loin pas gagné. ■