Le secteur automobile et ses défis
Alors que l’indicateur d’activité industrielle pointe sur le rouge depuis quinze mois consécutifs aux Etats-Unis, que la situation n’est pas meilleure en Europe, Suisse comprise, ou encore en Chine, un secteur se trouve peut-être même plus sous pression que les autres, c’est celui de l’automobile.
Depuis cinq ans, ce dernier fait face à un nombre incalculable de défis qui s’accumulent: pressions étatiques quant aux émissions de CO2, émergence d’une nouvelle concurrence avec Tesla, la crise du Covid-19 qui a paralysé la production et la vente, la guerre en Ukraine et la longue fermeture de l’économie chinoise qui ont passablement bouleversé les chaînes logistiques, la crise du pouvoir d’achat qui plombe les volumes de vente, et enfin la bataille féroce en Chine sur l’électrique avec une bonne centaine de concurrents locaux, très largement subventionnés.
Si les conséquences de la crise du Covid19 ont finalement pu être bien digérées, le défi de l’électrique est énorme pour une industrie basée sur le moteur à explosion. Des dizaines de milliards ont été, sont et seront investis par chaque grand constructeur automobile historique pour sa transformation en concepteur et producteur de véhicules électriques mais aussi de softwares et de batteries.
Jouer sur les deux tableaux
Il s’agit pour ces groupes de proposer à leurs clients de nouveaux véhicules électriques sur des plateformes qui leur sont totalement dédiées, à l’images de la famille ID du groupe Volkswagen, ceci tout en continuant à produire ses modèles classiques toujours équipés de moteurs thermiques afin d’éviter une chute brutale des ventes.
La concurrence chinoise s’annonce plus redoutable encore que celle de Tesla il y a quelques années
En effet, les consommateurs finaux ne sont pas tous convaincus par la voiture électrique ou sont tout simplement rebutés par des prix encore élevés. Le défi industriel est donc considérable de gérer deux lignes de produits avec des plateformes très différentes sans impacter significativement la rentabilité.
Dans le même temps, la hausse des prix, notamment de l’alimentation et de l’énergie, a largement entamé le pouvoir d’achat de nombreux clients tant en Europe qu’aux Etats-Unis. Le rebond des ventes, après l’effondrement de 2020-2021 reste ainsi modeste, même en Suisse, pays pourtant réputé pour son pouvoir d’achat élevé. Sur ce marché, il s’est ainsi vendu 252 214 véhicules neufs en 2023, très loin des 311 466 atteints en 2019!
Pourtant, des résultats record
Tout cela n’a pourtant pas empêché certains grands groupes automobiles notamment français et allemands de publier d’excellents résultats 2023, parfois même record! Globalement le haut de gamme, bien plus profitable, a mieux résisté tandis que les prix de l’ensemble des véhicules ont fortement progressé, les constructeurs sacrifiant le volume à la rentabilité. De leurs côtés, les charges d’exploitation ont pu être globalement maîtrisées.
D’ici quelques années, le tout électrique permettra aux constructeurs de n’avoir plus qu’une seule ligne de produits, donc moins de plateformes tandis que la chaîne logistique, notamment celle vitale des batteries sera bien mieux maîtrisée. Il n’en reste pas moins que la concurrence chinoise s’annonce plus redoutable encore que celle de Tesla il y a quelques années. ■