Le Temps

L’avenir des magasins Globus reste incertain

Les immeubles dans lesquels les enseignes du groupe opèrent doivent être vendus à la suite de la faillite de sa maison mère, Signa. La chaîne a par ailleurs dû se séparer d’une vingtaine de collaborat­eurs fin janvier

- LASSILA KARUTA, ZURICH

Les incertitud­es s’accumulent pour les grands magasins Globus. A la suite de la faillite du congloméra­t autrichien Signa, auquel l’enseigne appartient à 50%, les bâtiments dans lesquels Globus opère à Zurich, Berne et Bâle devraient être vendus, indique un article de la Neue Zürcher Zeitung. Cet argent permettra notamment de rembourser certains créanciers du groupe autrichien, qui était actif dans le commerce de détail mais également dans l’immobilier. Interrogé par Le Temps, Globus a préféré ne pas commenter cette éventuelle cession d’immeubles. Les magasins de Genève et Lausanne ne sont pas concernés par l’opération, car dans ces villes Globus loue les locaux à Swiss Prime Site.

Coupe dans les effectifs

Si l’enseigne, autrefois une filiale de Migros, a pu continuer à fonctionne­r normalemen­t après la procédure d’insolvabil­ité ouverte contre son copropriét­aire fin novembre, elle a toutefois dû se séparer fin janvier de 26 collaborat­eurs et collaborat­rices, dont quatre en Suisse romande, un peu moins de 2% de ses effectifs. Dans une note adressée par le directeur général aux employés et consultée par Le Temps, cette restructur­ation a été expliquée par le besoin de «garantir durablemen­t la rentabilit­é de Globus dans un environnem­ent économique de plus en plus exigeant».

Le document souligne en outre que Globus, malgré les défis conjonctur­els évoqués, se trouve sur la bonne voie de son «reposition­nement». Après l’achat de l’enseigne en 2020 par Signa et le groupe thaïlandai­s Central Group, qui détient également 50% de Globus, le groupe zurichois avait décidé de se dédier aux produits de luxe. En 2021, des investisse­ments d’environ 300 millions de francs, injectés notamment dans des travaux de rénovation, avaient été annoncés par les nouveaux propriétai­res. Globus Zurich avait ainsi fait peau neuve et des travaux sont également en cours à Bâle.

L’article du média alémanique souligne aussi que ce sont les bâtiments de Globus à Zurich, basés à la très huppée Bahnhofstr­asse, qui devraient rapporter le montant le plus important lors de cette opération de vente. L’immeuble, qui a ouvert ses portes en 1967, est estimé à 757 millions de francs dans les comptes de Signa, une valeur que certains experts mettent en doute. Le thaïlandai­s Central Group, détenant l’autre moitié de Globus, a autorisé cette mise en vente. Jusqu’ici il n’a pas manifesté sa volonté d’acquérir l’intégralit­é de la chaîne de magasins suisse, comme cela avait été supputé dans la presse à maintes reprises.

«Les experts anticipent également un ralentisse­ment de la croissance dans le luxe au cas où la situation devait perdurer» DAGMAR JENNI, DIRECTRICE DE SWISSRETAI­L

Difficulté­s du secteur

Globus n’est pas le seul grand magasin à devoir se réinventer à la Bahnhofstr­asse de Zurich. Manor a dû fermer en janvier 2020 ses portes dans cette rue très fréquentée, faute d’avoir trouvé un accord sur le loyer avec l’assureur Swiss Life, le propriétai­re des bâtiments qui abritait la grande surface depuis trente-cinq ans. Le grand magasin zurichois Jelmoli devra également mettre la clé sous le paillasson à la fin de cette année, car sa maison mère Swiss Prime Site veut transforme­r l’immeuble et y accueillir par la suite plus de bureaux que d’espaces de shopping.

Différents éléments expliquent les défis auxquels ces sociétés sont confrontée­s. «Il y a notamment les changement­s d’habitudes des consommate­urs qui achètent de plus en plus en ligne, même des produits de luxe comme les montres et les sacs. De plus, les investisse­ments nécessaire­s dans les grands magasins sont très élevés», explique la directrice de Swiss Retail, DagmarJenn­i, au Temps. La responsabl­e met également en exergue le fait que les sociétés propriétai­res des bâtiments abritant les magasins exigent souvent des loyers «exorbitant­s» qui pèsent sur ces enseignes. Par ailleurs, l’inflation et le ralentisse­ment conjonctur­el rendent les clients plus exigeants et attentifs à leurs dépenses, rappelle-t-elle. «Le luxe est moins touché que les secteurs actifs dans l’entrée ou le moyen de gamme, mais les experts anticipent également un ralentisse­ment de la croissance dans cette branche au cas où la situation devait perdurer.»

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