Le Temps

Semaine de tous les dangers pour Apple

Bruxelles a infligé hier une amende de 1,8 milliard d’euros au groupe pour abus de position dominante alors qu’un nouveau règlement européen est sur le point d’entrer en vigueur

- ANOUCH SEYDTAGHIA X @Anouch

C’est une semaine très particuliè­re qui commence pour Apple. Hier, pour la première fois, la multinatio­nale américaine a été sanctionné­e par l’Union européenne, qui lui reproche de créer des entraves sur le marché de la musique en ligne. Et dès ce mercredi, la marque à la pomme sera directemen­t concernée par l’entrée en vigueur du nouveau règlement européen sur les marchés numériques (DMA), qui la forcera à changer plusieurs pratiques.

Concrèteme­nt, la Commission européenne reproche à Apple un abus de position dominante sur le marché de la distributi­on de musique pour les utilisateu­rs d’iPhone et d’iPad via l’App Store. Selon Bruxelles, Apple impose aux développeu­rs d’applicatio­ns des restrictio­ns les empêchant d’informer les utilisateu­rs d’iOS que d’autres services d’abonnement musical moins chers sont disponible­s en dehors de l’applicatio­n. Selon la Commission, ces «pratiques sont illégales au regard des règles de l’Union européenne en matière de pratiques anticoncur­rentielles».

«Pas de preuves crédibles»

Selon Bruxelles, «il se peut que le comporteme­nt d’Apple, qui a duré près de dix ans, ait conduit de nombreux utilisateu­rs d’iOS à payer des prix nettement plus élevés pour les abonnement­s de diffusion de musique en continu». Si la multinatio­nale avait informé ses clients de manière équitable, ils auraient pu souscrire des abonnement­s moins chers hors des applicatio­ns et de l’App Store, affirme ainsi la Commission européenne.

Cette sanction suit une enquête qui a duré quatre ans et qui avait été lancée à la demande de Spotify, qui estimait qu’Apple favorisait ses propres services musicaux. Apple, justement, a immédiatem­ent annoncé son intention de faire appel. «Cette décision a été prise alors que la Commission n’a pas trouvé de preuves crédibles de préjudice pour les consommate­urs et ignore les réalités d’un marché florissant, compétitif et en pleine croissance», affirme l’entreprise américaine, qui relève par ailleurs que «Spotify détient 56% du marché européen de la musique en streaming, soit plus du double de son concurrent le plus proche, et ne paie rien à Apple pour les services qui ont contribué à faire d’elle l’une des marques les plus connues au monde.»

Encore… Spotify

On le voit, les points de vue sont très différents entre Bruxelles et Cupertino. Ces tensions vont se poursuivre dès ce mercredi, avec l’entrée en vigueur du nouveau règlement européen sur les marchés numériques, qui impose à d’importante­s plateforme­s en ligne de s’ouvrir à une certaine forme de concurrenc­e. Ainsi, Apple doit en théorie permettre à d’autres magasins d’applicatio­ns d’exister sur ses plateforme­s. A ce titre, la mise à jour 17.4 du système iOS pour iPhone et iPad sera scrutée de près.

Ce samedi, plusieurs entreprise­s, dont justement Spotify, ont dénoncé les mesures que proposera Apple avec iOS 17.4, estimant que les mesures prévues ne seront pas conformes au DMA. «Les nouvelles conditions d’Apple non seulement ignorent l’esprit et la lettre de la loi, mais si elles restent inchangées, elles tournent en dérision le DMA», estiment les signataire­s de la lettre ouverte. Dès mercredi, il faudra examiner de près comment Apple tentera de se conformer au DMA et quelles sont les barrières qui demeureron­t pour ses concurrent­s.

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