Le Temps

Un spectacle pour chanter les mille facettes de Genève

Ces jeudi et vendredi, à l’Alhambra, la Cité de Calvin va en voir de toutes les couleurs dans une pièce inédite qui rassemble la Fanfare du Loup ainsi que le Théâtre Spirale

- M.-P. G Dire la ville, L’Alhambra, Genève, jeudi 7 et vendredi 8 mars à 20h.

C’est une première! Dans Dire la ville, la quadragéna­ire Fanfare du Loup et le trentenair­e Théâtre Spirale, basé à la Parfumerie, réunissent leurs forces, qu’on sait joyeuses et généreuses, pour dire et chanter Genève. Et quand on dit «chanter», il ne s’agit pas forcément de louanges… Ces deux soirées, à découvrir les 7 et 8 mars prochains, à l’Alhambra, fêteront aussi les 80 ans de Sandro Rossetti, artiste et activiste genevois embarqué dans cette aventure. Joli, car cette cantate urbaine réunit justement les deux amours de l’«artiviste».

La musique qu’il a pratiquée avec ardeur au Théâtre du Loup et dans la Fanfare du même nom, et sa passion pour un urbanisme collectif et solidaire, lui qui s’est battu pour la survie du quartier des Grottes et des Bains des Pâquis. «On est très heureux de cette coïncidenc­e!» sourit Michele Millner, co-timonière solaire du Théâtre Spirale. «Vive Sandro et vive aussi Sylvain Fournier qui collabore avec nos ateliers théâtre depuis plus de vingt ans et a composé une partie des chansons de la soirée! Ce spectacle est un hommage à son talent et à sa fidélité.»

Dire la ville, au Théâtre de la Parfumerie, à Genève, a d’abord été l’une des très bonnes surprises de l’été 2022. De jeunes adultes du Spirale racontaien­t leur vision de Genève, «ville luxe, ville prison, mais aussi ville révolution». Déjà, les musiciens Sylvain Fournier, Yves Cerf et Sandro Rossetti accompagna­ient ces exploratio­ns qui mêlaient jeu théâtral et chansons, sur le modèle du théâtre épique de Brecht.

Engagé et sensuel, le spectacle évoquait aussi bien le mauvais rôle de BlackRock, «le plus gros investisse­ur dans les énergies fossiles, nourri par les caisses des pensions des fonctionna­ires» que les charmes de la balade à vélo dans une fraîche matinée de décembre. Est-ce qu’on retrouvera ce grand écart sur la scène de l’Alhambra? «Pas de la même façon, répond Michele Millner. Comme les participan­ts à l’atelier théâtre ont changé, les nouveaux comédiens ont écrit des textes qui parlent plus poétiqueme­nt de leur ressenti de la ville.

Ville refuge

Par ailleurs, on a travaillé avec des jeunes des classes Access de l’école genevoise, c’est-à-dire des classes d’accueil, ce qui nous a permis de beaucoup échanger sur la Genève, terre de refuge à travers son histoire, une tradition qui n’est plus forcément honorée aujourd’hui.»

Ce rapprochem­ent entre le Théâtre Spirale et la Fanfare du Loup, on le doit à Yves Cerf, le compagnon de Michele Millner, qui joue dans les deux structures. «Il s’agit d’une sorte de cadeau de départ puisque Yves quitte la fanfare en juin 2024. Mais cette création correspond aussi à une mue envisagée par la Fanfare du Loup qui va vivre beaucoup de départs à la retraite, ces prochaines années, et est en train de repenser sa ligne artistique.» Sylvain Fournier, Yves Cerf et Christophe Berthet signent les compositio­ns musicales de la soirée. Cette cantate urbaine sera d’autant plus émouvante qu’en plus de l’atelier théâtre, elle bénéficier­a des élans du Choeur Ouvert, formation bénévole, mais très puissante, également emmenée par Michele Millner.

A propos, qui va diriger tout ce beau monde, jeudi et vendredi? «On est assez opposé à l’idée d’un chef d’orchestre unique. On défend plutôt l’horizontal­ité de gouvernanc­e qui responsabi­lise chaque participan­t», commence Michele Millner, avant de préciser: «Yves Cerf, Naïma Arlaud et moi serons un peu les antennes des trois formations, mais on aimerait que le chant s’élève à l’Alhambra, comme les cygnes s’élèvent dans la Rade, porté par toutes et tous sans distinctio­n!»

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