La Chaux-de-Fonds, future Capitale culturelle en mission
Une importante délégation s’est rendue hier au Palais fédéral. Objectif: vendre le projet qui fera de la métropole horlogère la première ville du pays à obtenir cette distinction. Reste à faire comprendre le concept au reste de la Suisse
XTaillaule, saucisson et non-filtré: Neuchâtel a sorti son terroir hier dans la Galerie des Alpes du Palais fédéral, devant une centaine de parlementaires et hauts cadres de l’administration. Si le Conseil d’Etat et l’exécutif de La Chaux-de-Fonds, tous deux in corpore, se sont déplacés entourés d’une importante délégation, ce n’était pas – seulement – pour trinquer. Mais surtout pour mettre en lumière les travaux déjà réalisés pour faire de La Chaux-de-Fonds la première Capitale culturelle du pays en 2027.
De tels rendez-vous, Neuchâtel en organise un par législature. Le dernier visait à vanter les mérites de la liaison ferroviaire directe entre Neuchâtel et La Chaux-deFonds. «Aujourd’hui, nous voulons faire passer le message que Neuchâtel est une terre d’innovation et de culture», insiste le président du gouvernement Alain Ribaux. Pour le chef de l’Economie, de la Sécurité et de la Culture, il est important de rappeler aux parlementaires fédéraux «l’importance de ce projet, appelé à être répliqué ensuite dans d’autres villes suisses, pour la cohésion nationale.»
Quelques tables plus loin, c’est Théo Bregnard que l’on retrouve en pleine discussion. A la tête du dicastère de la Culture à La Chaux-de-Fonds, il rappelle que l’enjeu du jour est aussi financier: «La ville et le canton ont prévu d’investir chacun 2,5 millions de francs dans la Capitale culturelle, et on espère que la Confédération s’alignera sur ce montant. Ce d’autant plus que le Conseil fédéral reconnaît ce projet dans son Message culture 2025-2028 adressé au parlement la semaine dernière.» C’était plus précisément le 1er mars, jour de l’indépendance Neuchâteloise, tout un symbole!
En déambulant entre les invités, on se rend compte que le chemin est encore long pour faire comprendre que ce projet est d’ampleur nationale. Car si dans le canton de Neuchâtel, la Capitale culturelle fait régulièrement parler d’elle, c’est loin d’être le cas ailleurs en Suisse. Le conseiller aux Etats UDC Schaffhousois Hannes Germann, qui siège depuis vingtdeux ans à Berne, admet ne pas trop savoir de quoi il s’agit: «Mais c’est une bonne idée!» A Lucerne non plus, ce n’est pas un sujet, confirme la sénatrice centriste Andrea Gmür: «Pour être honnête, personne n’en parle en Suisse alémanique. Mais nous y sommes sensibles au sein de la Commission de la science, de l’éducation et de la culture. Nous devons faire
«Ce projet est appelé à être répliqué ensuite dans d’autres villes suisses, pour la cohésion nationale» ALAIN RIBAUX, MINISTRE NEUCHÂTELOIS DE L’ÉCONOMIE, DE LA SÉCURITÉ ET DE LA CULTURE
attention à donner suffisamment à la culture et cette visite neuchâteloise à Berne est très utile.»
D’autres y sont plus attentifs, comme le voisin jurassien. «Cette démarche est très importante en vue des arbitrages qui devront être faits lorsque sera traité le rapport sur la culture», souligne la conseillère aux Etats socialiste Mathilde Crevoisier Crelier, totalement enthousiasmée par le projet chaux-de-fonnier, qui «fera rayonner le patrimoine culturel de tout l’Arc jurassien.»
Appelé à devenir président du projet, l’ancien conseiller aux Etats et conseiller d’Etat neuchâtelois Jean Studer n’a pas manqué l’occasion de retrouver le Palais fédéral: «Cet événement sera très marquant et on se doit d’être présents! Et ces moments agréables, ça réveille un peu de nostalgie.»
Des rencontres avant tout
Mais cet élément central n’est pas le seul à avoir occupé les discussions. Ici, on parlait de l’avenir de l’industrie des semi-conducteurs; là, de l’importance du retour de la Suisse dans le programme européen de recherche Horizon; plus loin, d’horlogerie, de technologie d’authentification d’oeuvres d’art ou de métaux précieux, ou simplement de la vie de tous les jours.
Car ce qui compte dans ces journées, ce sont parfois simplement les rencontres. Ce n’est en tout cas pas le nouveau conseiller d’Etat socialiste neuchâtelois Frédéric Mairy qui dira le contraire: «C’est mon deuxième jour de travail et cela me permet de discuter avec des personnes avec qui j’aurai beaucoup de contacts, comme la cheffe de l’Office fédéral de la santé publique. Ces moments d’échanges informels sont très importants et cela tombe à point nommé!» ■