Galderma va faire son entrée en bourse
Plus de quatre ans après avoir quitté le giron de Nestlé, le spécialiste des soins de la peau annonce son intention de se coter à Zurich. Le laboratoire zougois entend ainsi réduire sa dette et financer sa croissance. Cette introduction fait office de tes
L'annonce hier de Galderma remet en lumière une société encore relativement méconnue du grand public. «C'est un jour très excitant dans l'histoire de l'entreprise», a souligné le directeur général, Flemming Ornskov. La rumeur d'une IPO (Initial Public Offering) imminente bruissait depuis plusieurs semaines. C'est désormais officiel. «Après avoir acquis notre indépendance, la cotation est une étape naturelle dans notre développement», estime le patron du laboratoire.
Une entrée en bourse de Galderma était à l'ordre du jour depuis plusieurs années. Le projet avait été évoqué pour la première fois à l'automne 2021. Mais l'environnement n'était guère favorable en raison de l'inflation et de la volatilité des marchés. Grâce à cette opération, le groupe espère lever 2,3 milliards de dollars (2 milliards de francs), ce qui pourrait en faire la plus importante entrée en bourse en Suisse depuis la cotation de l'entreprise zougoise de compteurs électriques Landis+Gyr en 2017. Les fonds seront utilisés pour rembourser la dette mais doivent aussi servir la croissance future de Galderma, a précisé Flemming Ornskov.
Les prochains jours seront décisifs pour la réussite de cette opération d'ampleur, qui représente un test pour le marché des IPO en Europe. Le processus devrait prendre «trois à quatre semaines, si tout se passe bien», a ajouté Flemming Ornskov. Le Danois ne pipe mot sur l'éventuelle valeur boursière de l'entreprise, mais se montre confiant sur le succès de l'IPO. «L'intérêt est grand», affirme-t-il. L'ex-filiale de Nestlé pourrait être valorisée à quelque 20 milliards de dollars, rapportait il y a peu le Financial Times.
La dermatologie, un secteur en croissance
L'introduction en bourse à Zurich comprendra principalement de nouvelles actions émises par Galderma et une plus petite tranche de titres existants vendus par les propriétaires. La société d'investissement suédoise EQT restera «un actionnaire important, a indiqué Flemming Ornskov, mais le pourcentage exact doit encore être décidé».
«C'est une bonne nouvelle pour la place boursière suisse d'avoir un peu de sang neuf, commente Jérôme Schupp, responsable de la recherche chez Prime Partners. Le secteur de la santé au sens large est déjà bien représenté entre les deux géants de la pharma, Novartis et Roche, et des entreprises actives dans les techniques médicales, comme Straumann ou Sonova.» La dernière entrée en bourse remonte à l'automne dernier, avec l'arrivée du fabricant de médicaments génériques Sandoz, qui s'est scindé de Novartis.
Galderma est en pleine croissance. L'an dernier, la firme a réalisé un chiffre d'affaires de 4,1 milliards de dollars, en hausse de 8,5% à taux de change constants. Pour 2024, le laboratoire vise une croissance de l'ordre de 7 à 10%. Galderma précise avoir fait mieux que le marché entre 2019 et 2023. Ses revenus ont ainsi progressé en moyenne de 11,9% par an, contre une hausse de 7% pour le marché des produits dermatologiques, dont le volume est estimé à près de 87 milliards de dollars. La rentabilité est également au rendez-vous. Le résultat opérationnel de base Ebitda a bondi en 2023 de 21,4% à 942 millions de dollars. La marge correspondante s'inscrit ainsi à 23,1%.
Le groupe emploie environ 6500 collaborateurs dans le monde, dont 400 en Suisse, répartis entre le siège de Zoug et les bureaux de Lausanne. Fin 2022, la firme avait supprimé une centaine de postes en Suisse en raison d'un contexte macroéconomique difficile. Ses quatre sites de production se trouvent, quant à eux, à Alby-sur-Chéran, en Haute-Savoie, au Québec, au Brésil et en Suède.
Des hauts et des bas
Les origines de Galderma remontent en 1979 quand L'Oréal crée un centre de recherche dermatologique. Deux ans plus tard, Nestlé se joint au géant français des cosmétiques, dont il détient une importante participation, pour donner naissance à Galderma sous la forme d'une coentreprise. Le spécialiste des soins de la peau va progressivement étoffer ses activités et sa présence globale, s'étendant dans une centaine de pays dans les années 2010. Il se diversifie en outre dans les produits de médecine esthétique avec des toxines botuliques.
En 2014, le géant vaudois de l'alimentation en devient l'actionnaire unique après avoir repris les parts de L'Oréal. Quelques années plus tard, la réorganisation des activités donne lieu à une douloureuse restructuration. Le site de Sophia Antipolis, près de Nice, où se concentrait à l'époque la recherche, est fermé, de même que l'usine de production d'Egerkingen (SO). La diversification n'est guère concluante pour Nestlé, qui décide d'accélérer son recentrage stratégique. L'aventure prend fin à l'automne 2019. L'entreprise est alors cédée pour 10,2 milliards de dollars à un consortium d'investisseurs mené par EQT.
Galderma dispose désormais d'un vaste portefeuille de marques et de services qui couvrent tout le spectre de la dermatologie. La société fabrique des produits contre l'acné et les rides, de même que des médicaments contre le cancer de la peau et la mycose des ongles. Elle possède notamment les crèmes solaires Daylong et les produits pour la protection de la peau Excipial, depuis le rachat en 2013 de la société soleuroise Spirig. Parmi ses relais de croissance, le groupe compte en particulier sur un traitement appelé nemolizumab pour le prurigo nodulaire, une maladie inflammatoire chronique de la peau, ainsi que pour la dermatite atopique.
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«C’est une bonne nouvelle pour la place boursière suisse d’avoir un peu de sang neuf»
JÉRÔME SCHUPP, RESPONSABLE DE LA RECHERCHE CHEZ PRIME PARTNERS