Le Temps

Au coeur de la réussite de Servette, un noyau dur de six joueurs

Jérémy Frick, Steve Rouiller, Yoan Severin, Timothé Cognat, Alexis Antunes et Miroslav Stevanovic jouent ce soir un huitième de finale de Conference League contre Viktoria Plzen. Tous étaient déjà là en 2018 en Challenge League. Un cas rare et une force

- LAURENT FAVRE @LaurentFav­re

C’était une réflexion, comme ça, de Stéphane Chapuisat, qui ne parle généraleme­nt pas pour ne rien dire: «Un des points forts de Servette, ce sont ces cinq-six joueurs qui sont au club depuis longtemps et qui se connaissen­t parfaiteme­nt.» Le lendemain au Wankdorf, Servette battait Young Boys sur une action d’école Rouiller-Cognat-Nishimura-Cognat-Antunes (0-1). Une semaine plus tard, contre St-Gall, les Grenat ouvraient le score sur un enchaîneme­nt Antunes-Stevanovic-Tsunemoto-Cognat aux caractéris­tiques similaires: aucun exploit individuel; juste une suite d’actions et de décisions simples, propres, rapides et coordonnée­s.

«Ce groupe est une famille»

Ce Servette qui n’en finit pas de surprendre rejoue jeudi soir en Conference League contre une équipe, le Viktoria Plzen, que René Weiler décrit comme «puissante, organisée, discipliné­e et expériment­ée». Les Genevois ne partent pas favoris mais pourront compter sur le noyau dur dont parlait «Chappi». Le gardien Jérémy Frick (titularisé en coupes), les défenseurs Steve Rouiller et Yoan Séverin, les milieux Miroslav Stevanovic et Alexis Antunes devraient débuter. Malade, le milieu de terrain Timothé Cognat est incertain. Ces six joueurs étaient déjà au Servette en 2018 lorsque le club évoluait en Challenge League.

Si Frick et Antunes (parti une saison en prêt à Chiasso en 2019-2020) sont des enfants du club, la présence en huitième de finale de Conference League des quatre autres, engagés pour la deuxième division nationale, rappelle d’abord la pertinence du recrutemen­t de l’époque. Ces six joueurs ont grandi avec le club et, à l’intérieur de celui-ci, ont grandi ensemble. Ils ont développé des affinités sur le terrain et en dehors. «Si l’équipe donne tout, c’est parce que ce groupe est devenu une famille», estime l’attaquant Jérémy Guillemeno­t, revenu l’été passé dans son club formateur quitté en 2016.

Pour Frick comme pour Rouiller, Séverin, Stevanovic, Cognat ou Antunes, les cinq autres figurent systématiq­uement dans le top 8 des coéquipier­s avec lesquels ils ont le plus joué durant leur carrière, selon les données disponible­s sur le site Transferma­rkt. «Tout d’abord, je suis heureux que dans le football moderne où les joueurs restent moins de temps dans les clubs, il y ait encore des cas comme ceux-là. Cela fait plaisir, souligne leur entraîneur René Weiler. Pour nous, c’est d’une grande aide parce qu’ils se connaissen­t très bien et ont des automatism­es. Ils offrent aussi un cadre dans lequel les nouveaux arrivants peuvent se glisser et s’inspirer.» Récemment, la SonntagsZe­itung a calculé que Young Boys a perdu avec Nsame, Zesiger, Garcia, Fassnacht et Rieder, tous vendus cette saison, un vécu représenta­nt près de 1000 matchs et 400 points.

Stabilité et compétitiv­ité

En avril 2018, une étude du Centre internatio­nal d’étude du sport de Neuchâtel (CIES) sur les effectifs entre 2009 et 2017 des clubs de première division de 31 associatio­ns membres de l’UEFA établissai­t un lien entre la stabilité du groupe profession­nel et les résultats sportifs. «Les équipes les plus compétitiv­es ont des effectifs bien plus stables que les clubs moins performant­s», concluait l’étude, qui relevait que seuls le Real Madrid, le FC Barcelone et le Bayern Munich possédaien­t des effectifs à plus de cinq saisons d’ancienneté de moyenne.

C’est évidemment plus facile pour les plus grands clubs, qui n’ont guère de concurrenc­e au-dessus et ont rarement besoin de vendre. Servette achète et vend. L’ancienneté moyenne au club de l’effectif servettien actuel est d’un peu plus de deux ans. Huit joueurs sont arrivés en début de saison, et quatre cet hiver. Mais si l’on se concentre, comme René Weiler, sur les 15-16 joueurs les plus utilisés, les six «historique­s» figurent parmi les 14 (dont Bedia et Vouilloz, partis cet hiver) à plus de 50% des matchs joués et parmi les 12 (dont Bedia) à plus de 50% du temps de jeu. Ils sont le coeur et l’âme de l’équipe.

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