Le Temps

Le Conseil fédéral soigne le dossier européen

Chargé des Affaires étrangères, Ignazio Cassis devrait annoncer en cette fin de semaine que le gouverneme­nt adopte un mandat de négociatio­ns avec l’Union européenne. La présidente de la Confédérat­ion, Viola Amherd, sera elle-même à Bruxelles pour les lanc

- DAVID HAEBERLI, BERNE ET VALÉRIE DE GRAFFENRIE­D, BRUXELLES @David_Haeberli @vdegraffen­ried

Est-il avisé de dégoupille­r une grenade politique en pleine session parlementa­ire? Ignazio Cassis est attendu ce vendredi devant la presse à Berne pour annoncer l’adoption du mandat de négociatio­ns avec l’Union européenne (UE). Le conseiller fédéral chargé des Affaires étrangères doit confirmer ce que la phase de consultati­on, qui a pris fin à mi-février, a laissé comprendre: les remarques apportées par les parties ne sont pas de nature à faire reculer le gouverneme­nt dans ce dossier jugé crucial pour le pays.

Le Tessinois devrait se présenter flanqué de plusieurs hauts fonctionna­ires chargés des négociatio­ns avec l’UE, qui pourraient commencer formelleme­nt dans la semaine du 18 mars. Il devrait être le seul ministre à s’exprimer, car le Conseil fédéral tient à ne pas donner une importance démesurée à cette annonce, qui est le développem­ent attendu de celle du 15 décembre 2023. Le Conseil fédéral avait clos l’année en présentant un projet de mandat de négociatio­ns très détaillé, qui couronnait un long travail de préparatio­n avec les représenta­nts de l’UE, ces derniers ayant consenti à plusieurs concession­s.

Ballet diplomatiq­ue

Aborder un dossier si sensible alors que le Palais fédéral grouille d’élus et de journalist­es pour une semaine encore, c’est risquer de laisser le champ libre à la mauvaise humeur des sceptiques à tout accord avec l’UE, juge une sénatrice. L’UDC, principale opposante à la stratégie du Conseil fédéral, a profité de chaque communicat­ion officielle pour répondre avec ses propres points de presse. Ne vaudrait-il pas mieux attendre une semaine que les élus rentrent dans leur canton? Ce n’est pas l’avis de Carlo Sommaruga. Pour le conseiller aux Etats socialiste genevois, il est important de donner le signal que la Confédérat­ion ne veut pas perdre de temps: la fenêtre d’opportunit­é pour conclure un accord est de six à huit mois, les élections européenne­s provoquant en fin d’année un changement de personnel européen. La dynamique positive lancée avec le projet de mandat ne doit pas retomber, en quelque sorte. C’est également l’avis de Pascal Broulis. Le conseiller aux Etats PLR vaudois ne voit pas de raison d’attendre, alors que le texte est prêt.

Le ballet diplomatiq­ue entre la Suisse et l’UE bat d’ailleurs son plein. Didier Reynders, le commissair­e européen à la Justice, était en Suisse ce jeudi et a rencontré Beat Jans, chargé du Départemen­t fédéral de justice et police, qui était lui-même deux jours à Bruxelles en début de semaine, pour participer au Conseil des ministres de la justice et de l’intérieur. Mais Didier Reynders a également fait une visite «de courtoisie» à Ignazio Cassis. Au menu des discussion­s: la guerre en Ukraine et, surtout, les relations bilatérale­s Suisse-UE.

Autre signe en coulisses: les 6 et 7 mars, Viola Amherd était à Bucarest, en même temps qu’Ursula von der Leyen. La présidente de la Confédérat­ion a participé au congrès du Parti populaire européen (PPE, droite), qui a officielle­ment entériné la candidatur­e de l’Allemande à un nouveau mandat comme présidente de la Commission européenne. Les deux femmes ont pu échanger. Et ce sont bien elles qui se rencontrer­ont, le 18 mars à Bruxelles, pour le lancement officiel du début des négociatio­ns entre la Suisse et l’UE, nous confirment plusieurs sources.

A Berne, plus tôt dans la semaine, le mandat de négociatio­ns avait occupé le groupe du Centre, qui s’est réuni mardi pour en parler en présence du secrétaire d’Etat Alexandre Fasel et de l’ambassadeu­r Patric Franzen, chargé des négociatio­ns par le Conseil fédéral. Il est notoire que le président et conseiller national zougois Gerhard Pfister fait partie des sceptiques envers l’Europe. Mais selon un participan­t, plus la réunion avançait, plus les arguments des diplomates rencontrai­ent un écho positif, même chez les réfractair­es. Le communiqué qui concluait la journée soulignait que «le Groupe du Centre est favorable à des négociatio­ns rapides». Le texte précise qu’il «exige des solutions basées sur un rapport d’égal à égal avec l’UE qui garantisse­nt notre prospérité, mais qui ne mettent en danger ni nos institutio­ns sociales, ni le niveau des salaires».

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