Raiffeisen attend UBS de pied ferme sur son terrain hypothécaire
Le groupe coopératif est parvenu à progresser encore dans son coeur d’activité. Près d’une hypothèque sur cinq y est souscrite. La reprise de Credit Suisse par le géant helvétique n’a pas modifié ses plans
Année après année, Raiffeisen renforce sa position sur le marché hypothécaire suisse. En 2023, les créances hypothécaires ont encore augmenté de 3,6% pour atteindre 211 milliards de francs, a indiqué hier le groupe coopératif à l’occasion de la publication de ses résultats annuels. Sa part de marché a légèrement progressé, passant de 17,6 à 17,8%, ce qui correspond à son ambition de croître à peu près au même rythme que le marché.
Marché immobilier résistant
Le rachat de Credit Suisse par UBS n’a pas changé fondamentalement la donne. Malgré l’émergence d’un concurrent aussi puissant, Raiffeisen est parvenu à la conclusion qu’il n’entendait pas modifier sa stratégie. «La diversité de l’offre est élevée et la concurrence continue à jouer pleinement, même avec un fournisseur de moins. Notre position sur le marché hypothécaire reste inchangée», a affirmé en conférence de presse à Lausanne Romain Thalmann, responsable du siège romand de Raiffeisen.
Le nouveau géant bancaire issu de l’absorption de Credit Suisse par UBS s’adjuge une part d’environ un quart du marché hypothécaire, tandis que les banques cantonales en contrôlent plus d’un tiers. Mais la nouvelle UBS risque d’avoir du mal à maintenir sa position et les plus petits établissements pourraient tirer leur épingle du jeu. Il faut dire que depuis 2003 la part de marché des grandes banques a nettement diminué, reculant d’environ sept points de pourcentage tant pour les créances hypothécaires que pour les dépôts de la clientè
Malgré le changement de cap monétaire, Raiffeisen est parvenu l’an dernier à consolider sa forte position dans son activité de base. «Le marché immobilier suisse a beaucoup mieux supporté que prévu le revirement des taux d’intérêt», note Romain Thalmann. La baisse de la demande a certes entraîné une diminution du volume des transactions sur le marché de la propriété du logement, mais le risque d’une correction des prix reste très faible.
«Avec notre politique de risque toujours prudente, nous continuons à mettre clairement l’accent sur une croissance qualitative, souligne Jean-Luc Blanc, responsable Credit Office chez Raiffeisen. La qualité de notre portefeuille hypothécaire reste élevée. La proportion de corrections de valeur sur des créances compromises reste à un niveau très bas, représentant 0,1% de l’ensemble des prêts et crédits à la clientèle.»
A l’instar des autres banques de détail, Raiffeisen a vu ses opérations d’intérêt s’envoler grâce à la hausse des taux. Principale source de revenus, le produit des opérations d’intérêts a bondi d’un cinquième à 3,1 milliards de francs. Pour la première fois depuis 2018, la banque a enregistré une marge d’intérêt supérieure à 1%. «Mais le pic a été atteint, affirme Jean-Luc Blanc. La marge a commencé à se tasser à partir de l’été dernier.»
Nécessaire diversification
«Le pic a été atteint. La marge a commencé à se tasser à partir de l’été dernier»
JEAN-LUC BLANC, RESPONSABLE CREDIT OFFICE CHEZ RAIFFEISEN
A l’avenir, le marché hypothécaire devrait continuer à croître, mais plus modérément, voire stagner, anticipe Romain Thalmann. «L’activité reste soutenue entre le renouvellement des hypothèques et les nouvelles transactions, relève-t-il. Cependant, la rareté des terrains et la hausse des prix de l’immobilier, qui limite le nombre de candidats potentiels à la propriété, se font sentir.»
C’est pourquoi le groupe s’efforce de diversifier ses activités. «Nous maintenons notre stratégie qui consiste à diminuer notre dépendance au marché hypothécaire et à renforcer nos activités dans la gestion de fortune, la prévoyance et la clientèle entreprises», explique le responsable du siège romand de Raiffeisen. Quelque 25 000 nouveaux dépôts de prévoyance et de placement ont ainsi été ouverts en 2023.
Même si la marche des affaires devrait rester solide cette année, Raiffeisen table cependant sur un résultat légèrement inférieur à celui de 2023 en raison du recul de la marge d’intérêt. La deuxième banque suisse a bouclé l’année écoulée sur un bénéfice de 1,39 milliard de francs, en hausse de 17,7%.
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