TikTok: Biden et Trump rivalisent d’hypocrisie
C'est une semaine très importante pour l'avenir de TikTok qui débute aux Etats-Unis. Depuis des années, le réseau social édité par la société chinoise ByteDance est dans le viseur de Washington. De nombreux responsables l'accusent soit d'espionnage à la solde de Pékin, soit d'abrutissement insidieux des adolescents américains. Dès mardi, à Washington, la Chambre des représentants doit se prononcer sur un ultimatum adressé à ByteDance: soit l'entreprise chinoise revend TikTok dans un délai de six mois, soit l'application sera bannie aux Etats-Unis.
Ce n'est pas un scénario totalement farfelu: tout récemment, élus républicains et démocrates de la Commission de l'énergie et du commerce de la Chambre des représentants ont adopté un projet de loi. Sa route sera encore longue, avec de nombreuses étapes à franchir à Washington et un lobbyisme intense de ByteDance contre cette idée.
Il est intéressant d'observer l'attitude des deux candidats à la présidentielle américaine face à TikTok. Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'ils rivalisent d'hypocrisie à ce sujet.
D'un côté, Joe Biden a apporté son soutien à ce projet de loi. Plusieurs de ses collaborateurs ont participé à la rédaction de ce projet et le président a affirmé que si la loi devait être adoptée par les parlementaires, il la signerait. Rappelons que Joe Biden vient de faire ses débuts sur… TikTok, avec l'ambition de draguer une partie des jeunes adultes qui sont accros à ce réseau social.
En face, il y a Donald Trump. En 2020, souvenons-nous, il avait fait une proposition en tout point similaire, ordonnant à ByteDance de vendre TikTok à une société américaine, du moins pour ses activités dans le pays. Plus tard, cette décision avait été annulée par les tribunaux. Et il y a quelques jours, Donald Trump s'est érigé contre Joe Biden à ce sujet, et donc contre sa propre décision de 2020. Le candidat républicain à la présidentielle a écrit ceci sur son réseau Truth Social: «Si vous vous débarrassez de TikTok, Facebook et Zuckershmuck [allusion à Mark Zuckerberg, directeur de Meta, ndlr] doubleront leur chiffre d'affaires. Je ne veux pas que Facebook, qui a triché lors des dernières élections, fasse mieux. C'est un véritable ennemi du peuple!»
Bienvenue au grand bal des hypocrites.
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