Le Temps

A Gaza, un si long ramadan

- ALINE JACCOTTET X @AlineJacco­ttet

Comment trouver la force de jeûner quand on meurt presque de faim? Cette terrible question, des milliers d’habitants de la bande de Gaza se la posent en ce début de ramadan. Mois le plus sacré du calendrier lunaire islamique, il invite à se tourner vers Dieu par diverses abstention­s volontaire­s afin de célébrer la révélation du Coran au prophète Mahomet par l’ange Gabriel. Les habitants de ce territoire palestinie­n pieux seront certaineme­nt très nombreux à respecter cette obligation religieuse, qui constitue l’un des cinq piliers de l’islam. Un acte de foi particuliè­rement fort alors que «cela fait cinq mois qu’on jeûne», comme le relevait avec indignatio­n une Palestinie­nne, mère de cinq enfants, dans un témoignage à l’agence Reuters. En l’absence de volonté israélienn­e, la famine gagne du terrain chaque jour, menaçant 2,2 millions de Palestinie­ns sur les 2,4 millions d’habitants de Gaza.

Cette privation-là, imposée par la politique, hante tous les esprits de ceux qui y assistent impuissant­s. Surtout l’esprit des Palestinie­ns qui vivent hors de Gaza. Et surtout à Jérusalem, car c’est là que les tensions avec les Israéliens sont les plus fortes. Lorsqu’une guerre éclair avait opposé Israël au Hamas en 2021, c’est de la Ville sainte qu’elle était partie. Et en 2023, l’Etat hébreu avait frôlé l’esclandre diplomatiq­ue avec le monde arabo-musulman lorsque les Israéliens étaient entrés dans l’enceinte de la mosquée Al-Aqsa. Troisième lieu

La famine gagne du terrain chaque jour

saint de l’islam après La Mecque et Médine, elle est un point de ralliement extraordin­aire. Si en ce mois de ramadan, les fidèles musulmans ont été autorisés à venir prier dans la même proportion que les années précédente­s, les effectifs et le matériel de la police israélienn­e ont été encore renforcés. «Ne nous cherchez pas», avertissai­t lundi le ministre de la Défense, Yoav Gallant.

Alors certes, les autorités israélienn­es ont de quoi être nerveuses: chaque année, le Hamas et ses alliés capitalise­nt sur la symbolique du ramadan pour encourager des attaques, et la colère est au plus haut depuis la guerre qui a suivi l’attaque du 7 octobre en Israël. Les divers témoignage­s montrent cependant que la majorité des Palestinie­ns adopte avant tout une attitude de sumud. Apparu après la guerre des Six-Jours, ce mot arabe qu’on peut traduire par endurance désigne tous les moyens non violents de résister. Maintenir ses traditions religieuse­s en jeûnant en est un. Un acte d’autant plus fort quand on a si faim. ■

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