A quoi ressemblera le sport de demain?
Le canton de Vaud a récemment rendu public son «Concept cantonal du sport et de l’activité physique». Ce document stratégique, qui définit les priorités en matière de sport pour les dix prochaines années, s’est notamment appuyé sur une étude prospective intitulée «Quel sport demain? Quatre scénarios prospectifs pour la politique sportive vaudoise des prochaines décennies» et réalisée par l’Observatoire du sport populaire, association de recherche partenariale spécialisée dans les sciences sociales.
La méthode prospective ne vise pas à prédire l’avenir mais à l’explorer dans ses potentiels multiples. Elle repose sur l’élaboration de scénarios dont les traits sont délibérément accentués afin de bousculer les idées reçues et de faciliter la priorisation des choix politiques, sans toutefois proposer de solutions toutes faites. Dans le cas présent, quatre scénarios pour le sport de demain ont été élaborés à partir de la littérature en sciences sociales. Les interconnexions entre ces cas théoriques, omniprésentes dans la réalité de terrain, sont présentées et discutées dans le rapport au travers de différentes matrices.
Vers un sport inclusif et intègre
Les politiques sportives mettent l’emphase sur l’inclusion et l’intégrité en se focalisant sur la cohésion sociale, le multiculturalisme et la lutte contre les inégalités. L’objectif est celui d’une société ouverte aux différences qui permet à tous les individus de pratiquer une activité physique régulière dans un environnement sain et bienveillant. A tous les niveaux, des structures sont mises en place pour gérer efficacement les cas de maltraitance. Les pratiques et discours visent à éviter les phénomènes d’exclusion et à normaliser l’inclusion. Cette dernière met la responsabilité sur les structures et la société, et est préférée à l’intégration qui met la responsabilité sur l’individu. Le sport s’éloigne de ses tendances nationalistes, masculinistes, corporellement normatives et capacitistes (validistes), et centrées sur la performance sportive.
Vers un sport écologique et durable
Dans ce cas de figure, les politiques sportives mettent l’accent sur les enjeux environnementaux. Elles se focalisent sur l’impact des transports, des infrastructures et de la production associés au sport sur le climat et la biodiversité. Les contours des pratiques sportives s’alignent sur les objectifs de la durabilité, à savoir de répondre «aux besoins des générations présentes sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs» (ONU). L’approche est guidée par l’idée que les différentes facettes de la société sont interconnectées et l’environnement n’est pas perçu comme un silo isolé des questions économiques et sociales. Parmi les grands axes des politiques publiques en matière sportive, on trouve la création d’un système de transport public facilitant l’accès aux infrastructures, un soutien important à la mobilité douce, la rénovation des infrastructures existantes ou encore la création d’infrastructures en extérieur.
Vers le sport santé
Dans ce scénario, les politiques sportives s’attardent surtout sur les enjeux sanitaires. La pression combinée du vieillissement, de la sédentarité et de la progression de la médecine sur les systèmes de santé et de prévoyance pousse à un changement majeur de paradigme: l’accent est mis sur la prévention. L’objectif principal est de mettre le sport au service de la santé des populations. La sensibilisation et l’éducation forment ici le premier socle des politiques publiques. On vise à informer afin de préparer le changement de comportement ou de transmettre un goût incorporé pour le sport chez les plus jeunes. Dans un second temps, les structures existantes sont adaptées pour intégrer des logiques plus sanitaires. Enfin, un rapprochement se crée entre structures sportives, structures sociales et structures de santé.
Vers un sport numérique
Ici, les politiques sportives mettent l’emphase sur la numérisation et la technologie. L’objectif est de stimuler la recherche et l’innovation. La numérisation et l’automatisation sont des buts économiques et stratégiques en soi, mais servent aussi à atteindre d’autres objectifs, notamment environnementaux et de santé. L’approche est guidée par l’idée que les technologies représentent une solution adaptée aux problèmes sociétaux. Il s’agit principalement de stimuler l’innovation en matière de sport et de technologie, et de mobiliser les innovations dans le cadre des pratiques sportives. Des mesures d’encouragement et de soutien sont mises en place, et rendent le territoire concerné attractif pour les entreprises actives dans le domaine. Les liens sont stimulés entre les structures sportives, académiques et de recherche et développement.
A mesure que nos sociétés évoluent, le sport endosse de nouveaux rôles et rencontre de nouvelles contraintes, qui représentent autant d’opportunités et de risques. Si les scénarios prospectifs nous aident à envisager l’avenir, ce sont bien aux acteurs et actrices du sport de le façonner.
■