Le saxophone et la mélodie du sanskrit
Entre classicisme, féminisation, cinéma en invitation et rajeunissement du public, un vent nouveau souffle sur la prochaine saison de l’Orchestre de la Suisse romande
Il faut voir la nouvelle plaquette de saison pour prendre la mesure de la transformation. Le violet historique a cédé la place à de l’orange électrique, et les lettres dorées mélangent joyeusement les typographies. A l’heure de la traditionnelle présentation de saison, ce visuel annonce déjà une programmation sous le signe du changement et des nouveautés. La plus manifeste? Le poste de chef assistant réservé à partir de la saison prochaine à une jeune cheffe d’orchestre (lire ci-dessus). L’annonce de l’artiste en résidence fait aussi son effet: la saxophoniste Valentine Michaud, formée à la Haute Ecole de musique de Lausanne, est bien décidée à démontrer que si son instrument doit ses heures de gloire aux géants du jazz, il avait aussi séduit dès sa naissance au XIXe les grands orchestrateurs. Ainsi le saxophone se déclinera au cours de la saison avec Trois danses pour orchestre de Maurice Duruflé, et culminera dans le Boléro de Maurice Ravel pour trois dates en novembre au Victoria Hall et au Théâtre de Beaulieu à Lausanne.
Parmi les chefs invités au pupitre de l’OSR, on retrouvera des noms familiers comme le maestro Daniele Gatti, directeur musical de l’orchestre du Maggio
Fiorentino, le chef franco-suisse Bertrand de Billy ou encore Pablo Heras-Casado et Lucie Leguay. Les découvertes à venir ne sont pas en reste, citons la cheffe d’orchestre chinoise actuellement à la tête de l’Orchestre symphonique d’Anvers, Elim Chan, la Finlandaise Eva Ollikainen, qui dirige l’Orchestre symphonique d’Islande, ou encore le jeune chef Suisse Lorenzo Viotti, directeur musical de l’Opéra national d’Amsterdam et de l’Orchestre philharmonique des Pays-Bas depuis 2021.
Beethoven, Brahms et Maurice Ravel – dont on célébrera le 150e anniversaire – irrigueront toute la saison avec les grandes oeuvres du répertoire, comme la Symphonie no 3 dite «héroïque» de Beethoven, le Concerto pour violon en ré majeur (le 22 mai 2025) et la 8e Symphonie en guise d’ouverture de saison. Du côté de Brahms, on fredonnera la 3e Symphonie (surtout son troisième mouvement) en juin 2025 sous la direction de Lorenzo Viotti. Quant à Ravel, hormis son incontournable Boléro, on se délectera du Tombeau de Couperin pour orchestre et de son Alborada del gracioso. Du côté des oeuvres plus rarement programmées, on attend avec impatience Turangalîla, la grande symphonie d’Olivier Messiaen pour ondes Martenot et piano. Derrière ce titre à la sonorité exotique se cachent deux mots sanscrits: turanga désigne «le temps qui court comme un cheval au galop» et lîla, «amour». Cet hymne à la joie composé entre 1946 et 1948 sera dirigé par Bertrand de Billy. On frissonnera par ailleurs au Victoria Hall pour halloween avec le ciné-concert de Psychose le 31 octobre.
Du côté des oeuvres plus rarement programmées, on attend avec impatience «Turangalîla»
Un hommage à Sinatra
L’OSR n’oublie pas son jeune public, avec plusieurs séries, comme à l’accoutumée. Quatre oeuvres de trente minutes pour les enfants dès 4 ans seront à découvrir les week-ends (Une Petite Flûte enchantée, Les Trois Petits Cochons et La Reine des neiges figurent au programme des concerts pour petites oreilles) et les concerts en famille pour les plus grands permettront à toutes et tous d’apprécier des classiques du répertoire comme Les Quatre Saisons de Vivaldi (14 juin 2025). Pour celles et ceux qui aiment écouter du classique en sirotant un cocktail les pieds dans l’eau, l’OSR sera à retrouver durant le Festival Genève-Plage en août prochain avec entre autres un hommage à Frank Sinatra (17 août).
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