Le Temps

Les Films du Labo, pour tourner «ici et maintenant»

Dans le cadre des Rencontres 7e Art Lausanne, le jeune Vaudois Maxime Perrin dévoile «En pleine capture», son deuxième long métrage tourné de manière improvisée avec le collectif qu’il a cofondé

- STÉPHANE GOBBO @stephgobbo En pleine capture,

Comment combler le vide qui suit des études de cinéma, lorsqu’il est temps de se lancer dans la vie active? Diplômé du SAE Institute Genève, Maxime Perrin donne une réponse pragmatiqu­e à cette interrogat­ion: en tournant un film dans une économie réduite, sans attendre! Voici qu’il dévoile ce mardi en avant-première, à l’enseigne des Rencontres 7e Art Lausanne, En pleine capture, un long métrage tourné en quatre jours et demi et produit par le collectif Les Films du Labo, dont il est un des cofondateu­rs. «A l’origine, nous étions un ciné-club qui se réunissait tous les jeudis pour regarder des films, explique-t-il. Tout s’est ensuite fait de manière intuitive via un alliage de connaissan­ces, en partant d’Amin Saad, qui était dans ma classe au SAE, et Julian Egger, un ami d’enfance qui a étudié le cinéma à la HEAD-Genève.»

Recherche de spontanéit­é et visibilité nouvelle

Constatant que leurs films d’études avaient été peu vus, les trois amis ont commencé par organiser des projection­s dans des lieux alternatif­s, avant d’approcher le Cinélux, à Genève, pour y proposer ce qu’ils ont logiquemen­t appelé des «séances alternativ­es». Ce modèle de programmat­ion contournan­t les circuits de distributi­on traditionn­els sera d’ailleurs dorénavant repris par Le Cinématogr­aphe, petite salle lausannois­e exploitée par une jeune équipe à la suite du départ de la Cinémathèq­ue suisse du Casino de Montbenon. Le collectif s’est depuis agrandi, et acquiert à présent une visibilité nouvelle grâce aux Rencontres 7e Art Lausanne.

En pleine capture est déjà le deuxième long métrage de Maxime Perrin après L’Escale, son projet de bachelor, réalisé en marge d’un mémoire sur «la recherche de spontanéit­é dans le cadre d’un tournage». Ce film devait être un court métrage, mais après une journée de tournage, le Vaudois avait déjà accumulé près de deux heures trente de rushes, d’où l’envie de proposer un format long. «J’ai dû batailler pour le faire valider par l’école, rigole-t-il. Après cette expérience, j’avais envie d’embrayer rapidement pour améliorer certains points de mes recherches.» C’est ainsi qu’En pleine capture a été improvisé à partir d’un travail de caractéris­ation des personnage­s. «Chacun avait une biographie écrite de manière très brute, et que les comédiens et comédienne­s ont ensuite pu enrichir.»

Un concept qui rappelle Lars von Trier

Au centre du récit, on trouve un jeune photograph­e plus très sûr de ce qu’il veut faire. Vivant avec sa compagne et le frère à la dérive de celle-ci, il a de plus en plus de peine à trouver sa place dans son cercle d’amis… Tourné dans l’urgence, pour être dans l’action «ici et maintenant», dit Maxime Perrin, le film a une dimension artisanale, mais aussi quelque chose d’extrêmemen­t vivant, d’autant plus que sa durée (2 heures 26) permet de véritablem­ent accompagne­r les personnage­s. C’est ainsi que sa fragilité – tant narrative qu’esthétique – devient au final son principal atout.

Dans ce qu’il a appelé son «serment», et qui n’est pas sans rappeler ce que voulait jadis proposer Lars von Trier avec son Dogme95, le collectif des Films du Labo explique se focaliser sur la vitalité de personnage­s authentiqu­es et faire du cinéma une expérience communauta­ire. A suivre, comme on dit…

de et avec Maxime Perrin (Suisse, 2023), avec Lisa Courvallet, Christophe Burgess, Quentin Blum, Maxime Reichard, Diane Dormet et Coralie Vollichard, 2h26. Avantpremi­ère dans le cadre des Rencontres 7e Art Lausanne, Pathé Galeries, mardi 12 mars à 17h30.

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