Les Films du Labo, pour tourner «ici et maintenant»
Dans le cadre des Rencontres 7e Art Lausanne, le jeune Vaudois Maxime Perrin dévoile «En pleine capture», son deuxième long métrage tourné de manière improvisée avec le collectif qu’il a cofondé
Comment combler le vide qui suit des études de cinéma, lorsqu’il est temps de se lancer dans la vie active? Diplômé du SAE Institute Genève, Maxime Perrin donne une réponse pragmatique à cette interrogation: en tournant un film dans une économie réduite, sans attendre! Voici qu’il dévoile ce mardi en avant-première, à l’enseigne des Rencontres 7e Art Lausanne, En pleine capture, un long métrage tourné en quatre jours et demi et produit par le collectif Les Films du Labo, dont il est un des cofondateurs. «A l’origine, nous étions un ciné-club qui se réunissait tous les jeudis pour regarder des films, explique-t-il. Tout s’est ensuite fait de manière intuitive via un alliage de connaissances, en partant d’Amin Saad, qui était dans ma classe au SAE, et Julian Egger, un ami d’enfance qui a étudié le cinéma à la HEAD-Genève.»
Recherche de spontanéité et visibilité nouvelle
Constatant que leurs films d’études avaient été peu vus, les trois amis ont commencé par organiser des projections dans des lieux alternatifs, avant d’approcher le Cinélux, à Genève, pour y proposer ce qu’ils ont logiquement appelé des «séances alternatives». Ce modèle de programmation contournant les circuits de distribution traditionnels sera d’ailleurs dorénavant repris par Le Cinématographe, petite salle lausannoise exploitée par une jeune équipe à la suite du départ de la Cinémathèque suisse du Casino de Montbenon. Le collectif s’est depuis agrandi, et acquiert à présent une visibilité nouvelle grâce aux Rencontres 7e Art Lausanne.
En pleine capture est déjà le deuxième long métrage de Maxime Perrin après L’Escale, son projet de bachelor, réalisé en marge d’un mémoire sur «la recherche de spontanéité dans le cadre d’un tournage». Ce film devait être un court métrage, mais après une journée de tournage, le Vaudois avait déjà accumulé près de deux heures trente de rushes, d’où l’envie de proposer un format long. «J’ai dû batailler pour le faire valider par l’école, rigole-t-il. Après cette expérience, j’avais envie d’embrayer rapidement pour améliorer certains points de mes recherches.» C’est ainsi qu’En pleine capture a été improvisé à partir d’un travail de caractérisation des personnages. «Chacun avait une biographie écrite de manière très brute, et que les comédiens et comédiennes ont ensuite pu enrichir.»
Un concept qui rappelle Lars von Trier
Au centre du récit, on trouve un jeune photographe plus très sûr de ce qu’il veut faire. Vivant avec sa compagne et le frère à la dérive de celle-ci, il a de plus en plus de peine à trouver sa place dans son cercle d’amis… Tourné dans l’urgence, pour être dans l’action «ici et maintenant», dit Maxime Perrin, le film a une dimension artisanale, mais aussi quelque chose d’extrêmement vivant, d’autant plus que sa durée (2 heures 26) permet de véritablement accompagner les personnages. C’est ainsi que sa fragilité – tant narrative qu’esthétique – devient au final son principal atout.
Dans ce qu’il a appelé son «serment», et qui n’est pas sans rappeler ce que voulait jadis proposer Lars von Trier avec son Dogme95, le collectif des Films du Labo explique se focaliser sur la vitalité de personnages authentiques et faire du cinéma une expérience communautaire. A suivre, comme on dit…
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de et avec Maxime Perrin (Suisse, 2023), avec Lisa Courvallet, Christophe Burgess, Quentin Blum, Maxime Reichard, Diane Dormet et Coralie Vollichard, 2h26. Avantpremière dans le cadre des Rencontres 7e Art Lausanne, Pathé Galeries, mardi 12 mars à 17h30.