Le rejet de la Constitution valaisanne suscite des remous
Les Valaisans ont refusé lourdement le projet de nouveau texte fondateur, le 3 mars dernier. Mais les résultats détaillés d’une commune laissent penser que l’issue du scrutin aurait pu être différente, avec un bulletin de vote moins compliqué. Un recours
XLa claque a été lourde. Après près de cinq ans de travaux, les 130 constituants valaisans se sont vus infliger un véritable camouflet par le peuple le 3 mars dernier. Le projet de nouvelle Constitution, qu’il contienne ou non l’article donnant le droit de vote aux étrangers au niveau communal, a été balayé. Mais les résultats sont désormais remis en question. Le Temps a appris qu’un recours a été déposé auprès du parlement cantonal contre les scores sortis des urnes.
Signataire du recours, Cilette Cretton confirme qu’elle l’a envoyé ce lundi en fin de journée, à la toute fin du délai légal. «Etant la plus âgée des constituants, j’estimais qu’il était de ma responsabilité d’agir», appuie-t-elle, précisant que des représentants de tous les partis, hormis l’UDC, la soutiennent dans sa démarche. «Les citoyens ont le droit de savoir», insiste-t-elle.
Elle insiste sur le fait qu’il ne faut pas y voir une réaction de mauvais perdants. «J’avais la conviction, dès les résultats connus, que quelque chose ne jouait pas. Mais on ne peut pas déposer un recours sans la moindre preuve, c’est hasardeux», souligne-t-elle. Or la preuve est venue de la commune d’Ardon, qui a livré ses résultats détaillés aux personnes s’interrogeant sur l’issue du scrutin.
Il en ressort que 58% des gens qui ont accepté le texte dans sa globalité ont refusé ou voté blanc à la variante, reprenant le texte en l’amputant uniquement de l’article concernant le droit de vote des étrangers – soit 193 personnes sur 337.
Pour les recourants, cela démontre la complexité du bulletin de vote et le fait que les citoyens ne l’ont pas compris. «On peut partir du principe que si l’on vote oui au texte, on désire une nouvelle Constitution, alors pourquoi voter contre la variante?» interroge Cilette Cretton, qui s’appuie sur l’article 34 de la Constitution fédérale qui indique que la garantie des droits politiques protège «l’expression fidèle et sûre» de la volonté des citoyens.
Une variante acceptée à plus de 51%?
«On peut partir du principe que si l’on vote oui au texte, on désire une nouvelle Constitution, alors pourquoi voter contre la variante?» CILETTE CRETTON, ANCIENNE POLITICIENNE VALAISANNE ET SIGNATAIRE DU RECOURS
Pour les recourants, les résultats sortis des urnes ne peuvent respecter cet article. Et pour cause. S’ils savent que l’exercice est périlleux, ils ont constaté qu’en extrapolant les résultats d’Ardon à l’ensemble du canton, la variante, sans le droit de vote aux étrangers au niveau communal, serait acceptée à plus de 51%. «On a une localité qui nous démontre que ça aurait changé la face du monde», indique Cilette Cretton, d’où le dépôt de ce recours.
Les recourants espèrent ainsi obtenir les résultats détaillés de l’ensemble des communes – qu’ils ont demandé à l’Etat du Valais, sans obtenir de réponses jusqu’à présent. Cela leur permettrait d’analyser si le cas d’Ardon est unique, ou s’il se multiplie sur l’ensemble du canton.
Le recours, avec son effet suspensif, devrait également empêcher les communes de détruire les bulletins quinze jours après la votation, comme le prévoit le cadre légal valaisan. Sera-t-il suffisant pour organiser un nouveau scrutin, comme le souhaitent les recourants? A voir. ■