Le Temps

«L’Inde est un marché qui demande de la patience»

- PROPOS RECUEILLIS PAR LASSILA KARUTA, ZURICH

IMPORT-EXPORT Après la signature de l’accord de libre-échange entre le géant asiatique et l’AELE, le président de la Chambre de commerce Suisse-Inde, Philippe Reich, revient sur les opportunit­és et les défis de ce partenaria­t

Les milieux économique­s ont sorti leur calculette au lendemain de la signature d’un accord de libreéchan­ge entre les pays de l’AELE et l’Inde. Si le texte est paraphé cette année par le parlement, il pourrait entrer en vigueur dès l’année prochaine. Il entraînera­it une réduction progressiv­e des droits de douane pour les entreprise­s basées en Suisse, au Liechtenst­ein, en Norvège et en Islande. Pour Philippe Reich, président de la Chambre de commerce Suisse-Inde, les retombées devraient être très positives pour les sociétés exportatri­ces helvétique­s.

«Les droits de douane et les impôts élevés rendent l’accès au pays difficile»

Quels sont les secteurs qui profiteron­t en particulie­r de l’accord de libreéchan­ge? Tous les secteurs économique­s profiteron­t à terme de cet accord, au fur et à mesure que les droits de douane, qui s’appliquent spécifique­ment à chaque catégorie de marchandis­es, seront supprimés ou réduits. 95,3% des produits helvétique­s exportés vers l’Inde bénéficier­ont de l’accord. On peut toutefois dire que l’industrie des machines (MEM), qui comprend également beaucoup de petites et moyennes entreprise­s ainsi que l’horlogerie, figure parmi les branches qui souffraien­t de droits de douane élevés (18% en moyenne), et saluent en particulie­r cet accord. Nous anticipons ainsi au total environ 160 millions d’économies au niveau des douanes par année.

Pourquoi l’Inde est-elle considérée comme un marché difficile pour les entreprise­s étrangères? Il y a différente­s raisons. C’est un grand pays qui, en principe, considère que son marché intérieur est assez grand pour soutenir son économie et se caractéris­e ainsi par un certain protection­nisme. Le pays a mis en place des droits de douane et des impôts élevés pour protéger ses entreprise­s, ce qui rend l’accès au marché assez difficile. Par ailleurs, l’Inde qui est un pays fédéral, se caractéris­ait par des réglementa­tions différente­s au niveau de chaque Etat. Cela rendait la marche des affaires difficile. Ce n’est plus autant le cas, mais il existe encore beaucoup de défis de nature administra­tive, qu’on appelle les barrières non tarifaires. L’Inde est un marché qui demande beaucoup de patience.

La Suisse et les trois autres pays signataire­s de l’accord se sont engagés à investir en Inde. Quels sont les montants en jeu? Environ 100 milliards de dollars devront être injectés par les sociétés dans l’économie indienne sur les quinze prochaines années. L’AELE s’est aussi engagée à augmenter les postes créés dans ce pays à un million, cinq fois plus que ce qui existe actuelleme­nt. Et les firmes suisses y ont déjà environ 160 000 postes. Ces investisse­ments, qui ont facilité la signature de l’accord de libre-échange, sont cependant liés à différents indicateur­s de croissance en Inde.

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