Le Magic Pass se prépare à l’offensive américaine
Dans un marché en pleine ébullition avec l’arrivée du géant Vail Resorts, la coopérative Magic Mountains a annoncé hier une extension de son offre vers des stations transalpines ou situées dans le Grand Genève. Sans hausse de tarif
Le monde des sports d’hiver suisse est en ébullition, bousculé par l’arrivée du numéro un mondial, Vail Resorts, qui a racheté les stations d’Andermatt-Sedrun et, récemment, de Crans-Montana. Dans le sillage de la société du Colorado, à qui la rumeur prête des vues sur Verbier également, un autre géant américain, Alterra Mountain Company, pourrait encore débouler dans les Alpes. «Le marché de l’abonnement de ski va profondément évoluer ces prochaines années», prédit Sébastien Travelletti, vice-président de la coopérative Magic Mountains, dont le produit phare, le Magic Pass, s’est imposé comme leader incontesté en Suisse romande. Lancé en 2017, cet abonnement à prix dégriffé est d’ailleurs directement inspiré de l’Epic Pass de l’entreprise Vail Resorts.
Vaud, premier marché
Face à l’offensive programmée des sociétés américaines, Sébastien Travelletti se déclare serein. Car le succès du Magic Pass ne se dément pas. Hier, lors d’une conférence de presse à Montreux, la coopérative a présenté des chiffres réjouissants. Plus de 180000 personnes ont acquis cette saison un abonnement, soit une progression de 9%. Malgré une saison difficile pour les stations de basse montagne, le Magic Pass devrait atteindre pour la première fois les 2 millions de journées-skieurs. Le chiffre d’affaires se montera à 69 millions de francs.
Avec près d’un tiers des clients (55000 abonnements), le canton de Vaud demeure le premier marché du Magic Pass. Cette année, boosté par l’augmentation de l’offre dans sa partie germanophone, le Valais (36000) a grimpé de justesse sur la deuxième marche, devant Fribourg (35000).
Pour le président de Magic Mountains, Pierre Besson, cette évolution s’explique par le développement de l’offre du Magic Pass: «Au lancement, le coeur de notre abonnement était la vallée du Rhône, le Chablais vaudois et les Préalpes fribourgeoises. Puis, nous nous sommes étendus sur l’Arc jurassien, Berne et le Haut Valais.»
Clientèle nomade
La prochaine saison, l’offre va encore s’étoffer, pour concerner 80 stations de ski et 37 destinations estivales; «des chiffres que nous n’aurions jamais osé imaginer», confie Pierre Besson. Parmi les 11 nouveautés, cinq sont situées en France voisine, dans la zone Grand Genève et autour du Léman, comme Thollon-les-Mémises, Habère-Poche et Hirmentaz en Haute-Savoie, Monts Jura (notamment Crozet ou le col de la Faucille) ou le domaine skiable franco-suisse du Jura sur Léman (La Dôle et les Rousses). Les installations de Saint-Cergue, dans le Jura vaudois, qui permettent du ski nocturne, complètent encore l’offre. Tout comme l’arrivée des deux premières stations italiennes, San Domenico et Devero, nichées sur le versant sud du Simplon, à une heure de route de Milan.
«Notre clientèle est nomade, analyse encore Sébastien Travelletti. Le Magic Pass est moins intéressant pour ceux qui, ayant par exemple une résidence secondaire, demeurent dans la même vallée.» D’où l’objectif de se rapprocher des grandes agglomérations urbaines, comme Lausanne, Berne ou Genève. «Ce qui a vraiment fait la force de l’Epic Pass de Vail Resorts, ce n’est pas ses quelques noms prestigieux du Colorado [Vail, Beaver Creak, Breckenridge…, ndlr], mais ses nombreuses stations familiales situées à une heure de Boston ou de New York», observe encore le vice-président de Magic Mountains. «Et sur ce créneau, nous avons une longueur d’avance», souligne-t-il encore.
Afin de «conserver la communauté», la coopérative a décidé de maintenir les prix actuels, attractifs, (dès 399 francs pour un adulte), et cela, malgré l’amélioration de l’offre. De quoi attendre les Américains de pied ferme.
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