En 2023, les ventes de pompes à chaleur se sont tassées

L’engouement pour ces installations de chauffage a été freiné l’an dernier en Europe, en partie parce que les prix de l’électricité ont augmenté. Pour la Suisse, les chiffres ne sont pas clairs

En 2023, après une dizaine d’années de hausse, les ventes de pompes à chaleur ont diminué en Europe, et peut-être bien en Suisse aussi. Les chiffres continentaux sont fournis par la European Heat Pump Association (EHPA). Cette faîtière fait état d’une baisse, dans 14 pays européens, de 5%. L’an dernier, les ventes n’ont pas cessé de décliner au gré des trimestres.

L’association indique que les chiffres sont également en recul en Suisse, de 48 700 unités vendues à 43 700 l’an dernier. Le Groupement professionnel suisse pour les pompes à chaleur (GSP) affirme pourtant que sur sol helvétique elles ont encore augmenté en 2023 (de 40 605 unités vendues en 2022 à 43 500). Baisse ou non, dans tous les cas en Suisse aussi la croissance s’est fortement ralentie à la suite de l’explosion relevée en 2022.

«C’est plus calme»

«Tous les constructeurs disent «c’est plus calme» désormais. On peut aussi y voir une bonne nouvelle dans le sens où personne n’arrivait à suivre le rythme en 2022», indique Philippe Ranc, le responsable de l’antenne romande du GSP. «Mais pour les fabricants, notamment en Allemagne, c’est inquiétant, car ils ont dû licencier. En Suisse, en général, les installateurs disent avoir encore beaucoup de travail.»

Trois mille emplois seront affectés sur le continent, selon la EHPA. L’Allemand Stiebel Eltron, l’un des principaux fournisseurs en Suisse, devrait réduire le temps de travail de quelque 800 employés. Des groupes comme Daikin, Vaillant ou Nibe ont pris des mesures similaires, quand ils n’ont pas licencié du personnel.

«Les baisses de 2023 sont dues au fait que les prix de l’électricité ont beaucoup augmenté ces deux dernières années, alors que ceux du mazout sont restés stables», estime Philippe Ranc. Depuis le début de la guerre en Ukraine, en février 2022, les prix de l’électricité ont presque doublé en Suisse, alors que ceux des carburants sont inchangés, selon un indice de Comparis publié en février.

Les pompes à chaleur consomment vite beaucoup d’électricité mais elles permettent de composer sans énergies fossiles ni émissions de CO2 et, une fois installées, elles continuent de coûter moins cher que leurs cousines à gaz ou au mazout.

Inflation et budget vacances

«Il y a aussi l’inflation. Les prix d’installation d’une pompe à chaleur ont augmenté, comme ceux du kilo de pommes de terre à la Migros», estime Philippe Ranc. Le représentant du GSP relève également que l’année 2022 avait été exceptionnelle, notamment parce qu’on ne savait pas à quel point les prix du gaz allaient augmenter. «Après la fin des confinements, les gens ont peut-être aussi réalloué leur budget aux vacances, au détriment du chauffage», signale Philippe Ranc.

Les pompes à chaleur captent la température de l’air, du sol ou de l’eau pour chauffer un bien immobilier l’hiver ou le refroidir l’été. Contrairement aux panneaux solaires, ces installations et leurs composants, en métal recyclable, sont surtout construits en Europe, en Allemagne, en Italie et dans les pays de l’Est.

■