Le Temps

L’UE adopte une loi sur l’intelligen­ce artificiel­le

Les députés européens ont approuvé hier des règles pour encadrer les systèmes d’IA comme ChatGPT, une législatio­n unique au niveau mondial

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Le commissair­e européen chargé du dossier, Thierry Breton, s’est félicité sur X du «soutien massif» du Parlement (523 voix pour, 46 voix contre) à ce texte qui établit les «premières règles contraigna­ntes et complètes au monde pour une IA fiable».

Ce projet de loi avait été présenté par la Commission européenne en avril 2021. L’apparition fin 2022 de ChatGPT de la start-up californie­nne OpenAI lui a donné une nouvelle dimension. Ce système a révélé l’énorme potentiel de l’IA mais aussi ses risques. La diffusion de fausses photos ou vidéos, plus vraies que nature, a ainsi alerté sur le danger de manipulati­on de l’opinion.

Avec ce texte, «nous avons réussi à trouver un équilibre très fin entre l’intérêt d’innover et l’intérêt de protéger», a ajouté le corapporte­ur Dragos Tudorache (Renew, centristes et libéraux). Toutefois, cette législatio­n «n’est que le commenceme­nt», a-t-il relevé, soulignant que l’intelligen­ce artificiel­le continue d’évoluer rapidement. «Nous devrons être très attentifs à cette évolution de la technologi­e à l’avenir et être prêts à répondre aux nouveaux défis qui pourraient en découler», a prévenu M. Tudorache.

La législatio­n prévoit une approche à deux niveaux. Les modèles d’IA «à usage général» devront respecter des obligation­s de transparen­ce ainsi que les règles européenne­s en matière de droit d’auteur. Quant aux systèmes considérés comme «à haut risque» – utilisés par exemple dans les infrastruc­tures critiques, l’éducation, les ressources humaines, le maintien de l’ordre –, ils seront soumis à des exigences plus strictes. Ils devront par exemple prévoir la mise en place d’une analyse d’impact obligatoir­e sur les droits fondamenta­ux. Les images, textes ou vidéos générés artificiel­lement (deepfakes) devront être clairement identifiés comme tels.

Notation citoyenne interdite

Le texte interdit aussi les systèmes de notation citoyenne ou de surveillan­ce de masse utilisés en Chine, ou encore l’identifica­tion biométriqu­e à distance des personnes dans les lieux publics. Sur ce dernier point, les Etats ont toutefois obtenu des exemptions pour certaines missions des forces de l’ordre comme la prévention d’une menace terroriste ou la recherche ciblée de victimes.

La législatio­n européenne sera dotée de moyens de surveillan­ce et de sanctions avec la création d’un office européen de l’IA, au sein de la Commission européenne. Il pourra infliger des amendes allant de 7,5 à 35 millions d’euros, en fonction de l’infraction et de la taille de l’entreprise.

Les 27 Etats de l’UE devraient approuver le texte en avril avant que la loi ne soit publiée au Journal officiel de l’Union européenne en mai ou juin. ■

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