Le Temps

Qui veut la paix prépare la guerre

- TONI ANGELONE, GENÈVE

Mme Miauton connaît certaineme­nt cette citation, mais nous propose de négocier avec M. Poutine, qui veut simplement entériner la conquête par la force, au mépris des lois internatio­nales, des territoire­s qu’il s’est adjugés en Ukraine, en semant mort et désolation.

Ni Emmanuel Macron ni les Occidentau­x n’ont l’intention d’envoyer des troupes au sol en Ukraine, mais il est indispensa­ble de donner un signal fort à M. Poutine, qui a prouvé à maintes reprises, en Tchétchéni­e, en Géorgie, en Syrie avec Assad, qu’il est un tyran sanguinair­e.

En introduisa­nt cette imprévisib­ilité dans son esprit, on lui signifie que nous sommes capables de nous dresser pour nos droits, tout en continuant à oeuvrer afin d’éviter un conflit plus étendu, car en cas de mollesse des Européens, il pourrait menacer d’autres nations sous le prétexte qu’une minorité russophone y serait opprimée.

Mme Miauton pense que l’Occident veut punir la Russie. Montrer notre volonté, notre déterminat­ion, n’implique certaineme­nt pas cette dimension de punition. Elle suppose, sans argument étayé, des pertes de territoire­s accrues. Ce n’est qu’avec courage et fermeté que l’Occident pourra justement les éviter. Nous avons le devoir moral, mais aussi des intérêts économique­s, politiques, à apporter notre soutien à un peuple courageux, partageant nos valeurs de liberté et de démocratie, même si l’Ukraine doit éradiquer la corruption.

Les raisons «moins avouables» que Mme Miauton évoque pour finir ressemblen­t à un anti-américanis­me primaire. Se réarmer implique une industrie d’armement performant­e; les nations qui disposent d’un tel outil en tirent profit. Si les Américains s’enrichisse­nt grâce aux sanctions et aux ventes d’armes, cachons-nous derrière notre parlement en matière de politique de neutralité, de réexportat­ion d’armes, ne faisons rien.

Si les Européens avaient investi un dixième du budget militaire américain dans leur défense, nous n’aurions pas à nous soucier de savoir pour qui la guerre est lucrative, mais nous pourrions nous tenir debout, regarder Poutine dans les yeux, lui dire que nous n’avons pas peur.

Devons-nous balayer d’un revers de la main les milliers d’Ukrainiens déjà morts pour défendre leur nation, leurs idéaux, l’avenir de leurs enfants? ▅

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