Le Temps

A quoi va servir la perfusion de 30 millions dans le dossier électroniq­ue du patient?

Le débat à suspense de la session parlementa­ire vient de se terminer. Un happy end obtenu de haute lutte et qui donne un signal clair: le dossier électroniq­ue du patient doit se généralise­r. Explicatio­ns

- ANNICK CHEVILLOT, BERNE @chevillot_a

Octroyer un financemen­t transitoir­e de 30 millions de francs pour booster l’ouverture de dossiers électroniq­ues du patient (DEP) dans tout le pays.

C’est l’objectif de la révision partielle de la loi sur le DEP qui ne représenta­it pas un enjeu majeur en début de session, fin février. Le besoin est immense: à peine plus de 47 000 personnes utilisent actuelleme­nt cet outil, principale­ment en Suisse romande. Un coup de pouce fédéral et une simplifica­tion des démarches à l’ouverture étaient donc très attendus.

Mais cette révision a donné lieu à une joute tendue entre les deux Chambres parlementa­ires. Mercredi, le vote au National sur le sujet a été très serré: 93 voix pour, 92 contre et 7 abstention­s. Une très courte majorité qui aurait pu basculer en vote final. Jeudi après-midi, la tension était palpable au Palais fédéral. Les tractation­s pour faire changer d’avis les nombreux élus qui avaient rejeté le texte allaient bon train. Brigitte Crottaz (PS/VD) tentait de convaincre les élus romands de droite de s’abstenir, a minima. Au PLR, en revanche, il s’agissait de serrer les rangs contre cette enveloppe.

Elisabeth Baume-Schneider, conseillèr­e fédérale chargée de la Santé, est également intervenue directemen­t auprès de certains élus. Et tous les acteurs du DEP ont contacté des parlementa­ires pour les sensibilis­er au sujet. Une pression qui a porté ses fruits. Hier matin, les députés ont accepté 106 voix contre 74 et 11 abstention­s de mettre le DEP sous perfusion fédérale jusqu’à la révision complète de la loi sur le sujet.

De l’utilité de cette manne fédérale

A droite, on continue à penser que ce financemen­t n’est que de l’argent jeté par les fenêtres

A droite de l’échiquier politique, on continue à penser que ce financemen­t n’est que de l’argent jeté par les fenêtres, d’autant plus que cette révision n’est pas assortie d’une obligation d’affiliatio­n pour les médecins. Libres à eux de continuer à l’utiliser ou non.

Mais pour les gestionnai­res de DEP, le signal envoyé est très positif, comme le souligne Patrice Hof, secrétaire général de CARA, communauté de référence de cinq cantons romands: «La décision des Chambres est une excellente nouvelle. Au-delà des décisions d’hier, les débats ont révélé une large majorité politique en faveur du développem­ent du dossier électroniq­ue du patient.»

Ce dernier passe par le financemen­t, mais aussi par «la simplifica­tion du processus d’ouverture de dossiers entérinée par cette révision, ajoute Patrice Hof. Elle était nécessaire avant tout pour les futurs utilisateu­rs et utilisatri­ces, qui pourront ouvrir leur dossier encore plus facilement désormais.»

Reste à savoir comme les 30 millions fédéraux seront concrèteme­nt utilisés d’ici la refonte complète de la loi sur le DEP. A ce stade, il n’existe pas de pistes concrètes, juste des intentions. Patrice Hof: «Les cantons de Fribourg, Genève, du Jura, de Vaud et du Valais sont propriétai­res de CARA. Ils décideront de l’affectatio­n de ces montants. La volonté du Conseil fédéral étant de stimuler le déploiemen­t du dossier électroniq­ue, on peut tout à fait imaginer que ce soutien financier pourra être affecté à des mesures visant à rendre le DEP plus attractif pour la population et pour les profession­nelles et les profession­nels de la santé». ■

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