Le Temps

«Les Aventures imaginaire­s de Dick Turpin»

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Dick Turpin a vraiment existé, nous disent les médias britanniqu­es, même si la véracité des faits qui lui sont imputés est toujours douteuse. Le personnage s’inscrit dans cette mythologie des bandits de grand chemin qui agressaien­t les carrosses de prestige dans les forêts de la verte Albion. Apple TV+ en propose une évocation loufoque qui convainc d’emblée, malgré quelques lenteurs.

L’acteur Noel Fielding est la cheville ouvrière de la rigolote entreprise des Aventures imaginaire­s de Dick Turpin: on le voit aussi au scénario, avec d’autres, et à la coproducti­on. Il emballe tout de suite le public avec ses airs parfois minaudant, défendant son goût pour le thé ou le tricot, et son bagout de bateleur vendant sa propre légende alors qu’elle commence à peine.

Angleterre, Essex, 1735. Le jeune Dick Turpin ne se fait pas à l’avenir de boucher que lui réserve son père, boucher lui aussi. Et pour cause, il est végane. Au terme d’une aventure confuse, il passe pour le tueur d’un grand méchant et hérite de ses acolytes, lesquels sont fascinés par sa bienveilla­nce, une denrée peu répandue en ces temps, dans ces régions. Ainsi apparaît une nouvelle bande de malandrins sur une scène déjà bien occupée, avec même un palmarès des résultats et des positions des diverses phalanges de voleurs.

On l’a compris, tout cela n’est pas très sérieux, mais d’une grande fraîcheur, comme des souffles d’air dans la forêt. Avec son air de musicien de The Cure façon Robin des Bois, Noel Fielding emmène une troupe ravie d’incarner ces hors-laloi face à un Hugh Bonneville (naguère patriarche de Downton Abbey) qui s’esclaffe en jouant le seigneur voulant «tenir ce Dick dans [s]es mains» et autres allusions graveleuse­s sur la polysémie de «Dick» (qui signifie «pénis»).

Dans la bonne humeur générale, Les Aventures imaginaire­s de Dick Turpin tissent ainsi un Ted Lasso du brigandage des anciens temps, avec une touche de Monty Python. Apple s’est laissé séduire par cette légèreté britanniqu­e, salue le Telegraphc­ité par Courrier internatio­nal: «L’une des plus puissantes entreprise­s américaine­s a en gros donné de l’argent à Fielding et ses potes pour qu’ils se livrent à des pitreries totales pendant six demi-heures. Une raison d’espérer.»■ N. Du. Une série de Claire Downes, Ian Jarvis et Stuart Lane (2024). A voir sur Apple TV+.

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