«The Regime», Kate Winslet et la maladie du pouvoir
Elle commence par lui demander s’ils ne se sont pas déjà croisés dans leurs rêves. Une drôle d’entrée en matière, pour une drôle de série. Stephen Frears réalise The Regime, écrite par Will Tracy (scénariste brièvement passé par Succession), série à la gloire de Kate Winslet.
A la gloire, dans tous les sens du terme. L’actrice incarne Elena Vernham, chancelière d’un Etat d’«Europe centrale» a priori atlantiste, même proche de l’OTAN sans en être membre, et qui est épinglé sur la carte du monde parce qu’il possède des mines de cobalt. Elena, dont le mari est Français (Guillaume Gallienne), se désole toujours de la mort de son père, fondateur du parti qui l’a portée au pouvoir, et dont la dépouille réside toujours dans les sous-sols du palais. La chancelière est surtout hautement hypocondriaque; elle imagine que de dangereuses spores sont éjectées des moisissures de l’immense bâtisse, alors elle la fait désinfecter et même rénover dans les grandes largeurs.
C’est là qu’entre en scène le caporal Herbert Zubak (Matthias Schoenaerts), engagé pour servir d’escorte qui détecte le taux d’humidité dans les pièces que traverse la chancelière. Absurde, mais c’est ainsi. Sauf que le soldat va prendre de plus en plus de poids dans la vision du monde assez tortueuse de la dirigeante, lui imposant des remèdes de grand-mère tout en l’incitant à revendiquer avec acrimonie l’indépendance du pays, notamment face aux Américains…
Kate Winslet est brillante, comme toujours, en furie parfois fragile, lovée dans de spectaculaires tenues. Il est bien question d’une dictatrice, mais WillTracy ne dévie pas de la trajectoire de la farce qui forme le registre de The Regime. Avec encore Andrea Riseborough, excellente en secrétaire générale qui doit faire tenir la maison, Stephen Frears a tout pour composer une allègre allégorie du pouvoir.
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«The Regime». Une série de Will Tracy (2024) en six épisodes de 50’. Mise en ligne hebdomadaire. Sur MyCanal.