Une figure de l’extrême droite autrichienne arrêtée
La police cantonale zurichoise a interpellé l’Autrichien Martin Sellner, quelques heures avant une conférence sur «le choix ethnique» à laquelle le père du concept de «remigration» avait été invité par le collectif Junge Tat. Elon Musk s’en est ensuite mê
La police cantonale argovienne a empêché samedi la tenue à Tegerfelden, en Argovie, d’une conférence de l’idéologue autrichien d’extrême droite Martin Sellner, père du concept de «remigration», à l’invitation du collectif alémanique d’extrême droite Junge Tat. Les forces de l’ordre sont intervenues, estimant que la sécurité publique n’était pas garantie.
Fondé début 2020, le collectif Junge Tat est constitué d’adhérents très jeunes et hyperactifs en ligne. Son logo: Tiwaz, une rune nordique symbolisant la «victoire», dont la flèche ornait les épaules d’un bataillon SS durant la Seconde Guerre mondiale. Surveillé par la police fédérale suisse (Fedpol), mais également par Europol, son alter ego en Union européenne, le groupe a multiplié les actions en 2023, comme l’expliquait récemment un article du Temps.
Une mise en scène sur le lac de Constance
L’Autrichien Martin Sellner s’était mis en scène sur les réseaux sociaux dès samedi matin dans sa voiture, puis dans un canot pneumatique sur le lac de Constance alors qu’il franchissait prétendument la frontière suisse, «se moquant non seulement des réfugiés en Méditerranée, mais aussi des autorités de sécurité suisses», précise la NZZ am Sontagg. Le thème de la conférence qui devait se tenir le soir même: «Le choix ethnique et la remigration».
Plus tard dans la journée, l’idéologue a toutefois été interpellé et expulsé du territoire cantonal pour «assurer la sécurité publique et empêcher une confrontation» avec des personnes opposées à ses idées, a indiqué dimanche la police dans un communiqué. Il ne s’agit pas d’une arrestation, mais bien d’une interpellation, insiste Corina Winkler, porte-parole de la police cantonale argovienne. Son seul but: mettre fin à la manifestation. Dans le même temps, la police a pu empêcher l’arrivée des opposants, a-t-elle ajouté.
Les gérants du musée dans lequel devait se tenir l’événement affirment qu’ils ignoraient tout de la nature de celui-ci
Les gérants du Musée cantonal argovien de la viticulture, dans lequel devait se tenir l’événement, affirment qu’ils ignoraient tout de la nature de l’événement, relate la NZZ. Une «table ronde sur l’aide au développement et la migration» avait été annoncée. Le lien entre Martin Sellner et le collectif Junge Tat leur était inconnu.
«Samedi, quand la police a attiré leur attention sur la nature de la manifestation, les gérants du musée ont résilié le contrat de location, obligeant de facto les membres de Junge Tat à annuler la conférence. Ces derniers refusant d’obtempérer, Martin Sellner a été embarqué», souligne le titre alémanique. Personne n’a été blessé. La manifestation a été dispersée alors qu’une centaine de personnes se trouvaient à Tegerfelden. Interrogée, la police argovienne a précisé n’avoir pour le moment aucun indice d’actes délictueux.
Martin Sellner porte un projet d’expulsion massive de personnes étrangères ou d’origine étrangère, y compris par la force, connu sous le nom de «remigration». Sa participation à une conférence organisée par le parti allemand AfD le 10 janvier à Potsdam, en Allemagne, avait provoqué un sursaut et lancé d’énormes manifestations d’indignation.
L’intervention de la police argovienne a attiré l’attention d’Elon Musk, le propriétaire du réseau social X. Dans un message publié samedi sur la plateforme, il a réagi à un message de Martin Sellner dénonçant son «expulsion». «Est-ce légal?» a demandé le milliardaire américain.
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