Le Temps

Il faut un encadremen­t. Et vite…

- LASSILA KARUTA

Le temps, c’est de l’argent. La Berne fédérale semble l’avoir oublié. Un an après la débâcle de Credit Suisse et son rachat par UBS, les avancées pour améliorer la régulation de la place financière suisse et des banques «too big to fail» se font attendre. Or, il est urgent de débattre de cette question. Si demain une autre crise financière éclatait, la Suisse n’aurait plus d’autre grande banque pour racheter UBS! Cette dernière est devenue un géant présentant un bilan d’environ 1500 milliards de francs, soit quasi deux fois la taille du produit intérieur brut helvétique. Un risque énorme pour notre pays.

Evidemment, la banque aux trois clés est bien plus petite que les géants américains, tel JPMorgan. Mais celui-ci ne pèse que 17% du PIB des Etats-Unis. Selon une étude du Conseil de stabilité financière, cette proportion entre bilan et PIB n’est nulle part plus élevée qu’en Suisse. Les experts de cet organisme internatio­nal, regroupant notamment des régulateur­s, appellent eux aussi à un renforceme­nt rapide de la réglementa­tion «too big to fail», car «la défaillanc­e d’UBS pourrait avoir un impact sévère sur l’économie suisse et le système financier mondial».

Mais même avant d’arriver à une éventuelle crise qui pourrait secouer UBS – sauvée par la Confédérat­ion en 2008 –, parlons de concurrenc­e en Suisse. Nombreux sont ceux qui soulignent que cette acquisitio­n, qui n’aurait eu que peu de chances d’aboutir en temps normal, donne à UBS une position dominante dans certains secteurs, dont la gestion des fonds des caisses de pension.

L’autorité fédérale chargée de la concurrenc­e (Comco) a transmis son avis sur ce rachat à la Finma… en octobre. Depuis, les conclusion­s de l’institutio­n présidée par Marlene Amstad se font attendre. Certes, il faut saluer le fait que le gendarme financier a officielle­ment avoué en décembre être arrivé à la limite de ses capacités et a réclamé haut et fort davantage de ressources. Reste à agir du côté du parlement… Une nouvelle réglementa­tion, dont la première esquisse nous est promise pour ce printemps, devra se pencher sur les liquidités et les capitaux nécessaire­s pour faire face à une crise, mais aussi sur le processus décisionne­l dans de telles situations.

Bien sûr, il faut rester lucide. Ne pas oublier que Credit Suisse remplissai­t les principaux critères exigés avant sa chute. Mais même si le risque zéro n’existe pas, il est impératif que des ébauches pour encadrer le nouveau géant soient présentées au plus vite.

UBS a désormais une position dominante dans certains secteurs

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