Le Temps

Genève appelé à défendre le droit du bail

Une manifestat­ion est prévue samedi contre la hausse des loyers et «les attaques contre les locataires». Les organisate­urs espèrent amorcer un mouvement national en soutien aux deux référendum­s lancés par l’Asloca

- FANNY SCUDERI @FannyScude­ri

Plusieurs associatio­ns genevoises s’unissent «contre la hausse des loyers et le démantèlem­ent du droit du bail». En organisant une manifestat­ion ce samedi, elles espèrent inspirer des mouvements similaires dans d’autres cantons, avec en ligne de mire les deux votations fédérales à venir sur le droit du bail. En réunissant 75 000 signatures, l’Associatio­n de défense des locataires (Asloca) a fait aboutir deux référendum­s, qui devraient être soumis au peuple en septembre ou en novembre. Ils ont pour but de stopper deux propositio­ns des milieux immobilier­s et adoptés par le parlement l’année passée.

Les élus fédéraux ont décidé de durcir les règles de sous-location afin de lutter contre les abus. Ils souhaitent l’introducti­on du consenteme­nt écrit du bailleur et la possibilit­é que ce dernier puisse refuser la sous-location si elle dure plus de deux ans ou présente des inconvénie­nts majeurs pour lui. Le second texte vise à simplifier les résiliatio­ns du bail pour besoin propre, soit lorsque le propriétai­re souhaite résider dans son bien.

«Première salve»

«Il s’agit d’une première salve dans une période d’effritemen­t du droit du bail», tonne Christian Dandrès, conseiller socialiste genevois. «Ces attaques s’inscrivent dans un contexte juridique défavorabl­e aux locataires, poursuit l’avocat de l’Asloca. La jurisprude­nce du Tribunal fédéral privilégie de plus en plus souvent la liberté contractue­lle plutôt que la lutte contre les abus en matière de bail à loyer, pourtant inscrite dans la Constituti­on.»

Christian Dandrès insiste sur l’importance de mobiliser à Genève, alors que le canton fait face à un taux de vacance extrêmemen­t bas. Selon les dernières données de l’Office fédéral de la statistiqu­e datant de juin 2023, seul 0,42% du parc de logements du canton se trouve vacant. Ce taux est le plus bas du pays, à égalité avec Zoug.

«Outils de lobbying»

La pénurie de logements inquiète aussi le syndicat étudiant de l’Université de Genève, la CUAE, coorganisa­teur de la manifestat­ion aux côtés de Ripostes urbaines et du Collectif des associatio­ns d’habitants de quartiers de Genève. La représenta­nte de la CUAE, Elisabetta Marchesini, appelle à davantage d’investisse­ments publics: «Des étudiants vivent dans des logements insalubres faute d’appartemen­ts bon marché.» La difficulté de trouver un toit s’appliquant à plusieurs villes suisses, la CUAE prépare des actions en collaborat­ion avec les associatio­ns estudianti­nes de Lausanne et de Zurich.

Cette nouvelle mobilisati­on sur la question du logement inquiètet-elle les partisans de la modificati­on du droit du bail? «Il s’agit simplement d’outils de lobbying pour faire pression sur le pouvoir», constate Olivier Feller, conseiller national PLR et secrétaire général de la Fédération romande immobilièr­e. «L’Asloca commence sa campagne en surfant sur le contexte et écarte le fond», regrette-t-il. A droite comme à gauche, la manifestat­ion de samedi servira de thermomètr­e avant le lancement officiel des campagnes politiques.

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