Le Cinématographe renaît
A la suite du déménagement de la Cinémathèque suisse au Capitole, la petite salle du Casino de Montbenon est reprise par un jeune collectif indépendant. Une bonne nouvelle pour la diversité de l’offre
Lausanne compte officiellement un cinéma de plus. A l’heure où les salles indépendantes voient leurs courbes de fréquentation repartir à la hausse, avec même parfois des records, comme l’an dernier aux Cinémas du Grütli à Genève et au CityClub à Pully, cette nouvelle est réjouissante pour la diversité de l’offre. Elle est aussi la promesse que des films fragiles, qui disparaissent souvent rapidement de l’affiche, pourront dorénavant être mieux mis en valeur.
Ce cinéma qui ouvre ses portes cette semaine a un nom bien connu des cinéphiles: Le Cinématographe. Il s’agit en effet de la petite salle de 102 places sise au Casino de Montbenon, exploitée depuis son ouverture en 1981 et jusqu’à l’an dernier par la Cinémathèque suisse. Si elle n’est donc pas à proprement parler nouvelle, elle participe néanmoins bien à l’augmentation du parc cinématographique puisque l’historique Capitole, repris par la Cinémathèque, compte désormais deux salles.
C’est à la suite d’un appel d’offres que le bien nommé Collectif du nouveau Cinématographe, aux statuts associatifs, a repris les clés des lieux en janvier. Lundi matin, à l’heure de dévoiler les grands axes de leur programmation, Meli Boss, Faye Corthésy, Gysèle Giannuzzi et Alice Riva avaient l’enthousiasme communicatif. Les nouvelles responsables de la salle, épaulées par un responsable technique et une équipe de 13 bénévoles, expliquent fonctionner avec un budget de 400 000 francs qui reposera en grande partie sur les recettes de billetterie et d’une buvette. Elles ont jusque-là travaillé bénévolement et espèrent pouvoir prochainement se salarier. En marge d’une campagne de financement participatif, les soutiens de la Loterie Romande et la Fondation Ernst Göhner ont notamment permis l’acquisition du matériel technique ainsi que la création de la buvette, tandis que la ville de Lausanne prend en charge le loyer.
17 séances par semaine
La programmation qu’annonce le collectif est ambitieuse. Le Cinématographe sera ouvert tous les jours, pour un total de 17 séances hebdomadaires. Tout commence donc cette semaine, avec deux avant-premières: Ripples of Life en présence du réalisateur chinois Wei Shujun mardi soir (pré-ouverture), et Blackbird Blackbird Blackberry en présence de la Géorgienne Elene Naveriani (mercredi, ouverture officielle).
A partir de jeudi, les films à l’affiche feront le grand écart entre de premières visions, des projections spéciales et événements, des talons (des titres en fin d’exploitation repêchés pour quelques ultimes séances), et des «catch-up» pour rattraper – chaque dimanche à 15h – un long métrage récent – à l’image cette semaine de May December, de Todd Haynes. Quant aux mercredis et samedis après-midi, ils seront réservés à des projections jeune public. A cela s’ajoutent des collaborations, par exemple avec l’association Travelling Palestine et le collectif romand Les Films du Labo. Reste maintenant au Cinématographe – qui proposera en été une rétrospective thématique – de trouver sa place et son public, en complément aux offres du Bellevaux, du Zinéma et du CityClub.
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