Le Temps

Bilatérale­s III: continuons sur la voie du succès

- CONSEILLER AUX ÉTATS (PLR/VD) PASCAL BROULIS

La Suisse. Un petit pays sans accès à la mer et sans matières premières. Une Willensnat­ion stable et prospère enviée et admirée partout dans le monde.

Notre réussite est due avant tout aux femmes et aux hommes qui composent notre pays et contribuen­t, chaque jour, à son succès. La bonne situation économique dont jouit la Suisse est également étroitemen­t liée à nos liens avec l’étranger, en commençant par l’Union européenne. Ces dernières années, nos relations avec l’UE, qui ont grandement contribué à garantir nos emplois et renforcer notre pouvoir d’achat, ont malheureus­ement commencé à s’effriter.

Or si nous voulons garantir notre modèle à succès, il est absolument essentiel de pérenniser nos rapports avec l’UE. Les avantages que nous confèrent les accords bilatéraux sont légion. Attardons-nous sur la prospérité et la stabilité dont la Suisse bénéficie depuis plus de vingt ans grâce à ces derniers. En préambule, rappelons qu’après le non à l’EEE en 1992, l’économie suisse a stagné pendant dix ans.

Depuis lors, les accords bilatéraux, maintes fois adoubés par le peuple, ont massivemen­t contribué à notre essor économique tout en préservant notre indépendan­ce politique et notre souveraine­té. La réalité est limpide. L’UE est notre premier partenaire commercial et de très nombreux produits suisses sont exportés chez nos voisins européens. En 2022, près de la moitié des exportatio­ns suisses étaient destinées à l’Union européenne. A titre de comparaiso­n, les Etats-Unis ont totalisé 18% de nos exportatio­ns et la Chine, ce géant de 1,4 milliard d’habitants, même pas 6%.

Et qui dit croissance économique dit places de travail et pouvoir d’achat. Bien que des problèmes existent, la Suisse avec

Nous aurions tort de nous reposer sur nos lauriers et de penser que notre prospérité et notre excellente qualité de vie sont assurées

2,5% de chômage au début de l’année s’en sort bien dans ces deux domaines, surtout en comparaiso­n avec les autres pays européens.

Notre pays est aussi fortement dépendant de la main-d’oeuvre étrangère. Cela est notamment le cas en Suisse romande et dans les régions frontalièr­es. Sans travailleu­rs européens, qui pourra nous soigner? Qui pourra poser des panneaux solaires et bâtir des logements adaptés pour nos aînés? Et qui sera encore là pour construire les infrastruc­tures de mobilité de demain, comme la gare de Lausanne? En plus des conséquenc­es nombreuses et néfastes sur le plan économique, notre qualité de vie s’en retrouvera­it clairement péjorée.

Sans oublier que la pénurie de maind’oeuvre va encore gravement s’accentuer dans notre pays. Il devrait manquer environ 400 000 personnes sur le marché du travail d’ici à 2040 selon Economiesu­isse.

Les accords bilatéraux ont aussi permis de renforcer notre AVS au cours des deux dernières décennies. Les travailleu­rs européens dans notre pays contribuen­t à financer nos retraites actuelles et futures. Et ils ne recourent que très rarement à l’aide sociale selon un rapport du Seco de l’année dernière. Cette immigratio­n du travail est par conséquent très majoritair­ement bénéfique à notre population et à nos assurances sociales. Bien que toute croissance se doive d’être maîtrisée, une démographi­e en baisse est une société sur le déclin.

Ce nouveau mandat de négociatio­n avec l’UE, soutenu par 24 des 26 cantons, est la voie à suivre pour la Suisse. Rappelons que les syndicats ont obtenu plusieurs concession­s majeures, notamment dans le cadre de mesures contre le dumping salarial, et que la Suisse pourra continuer d’élaborer ses propres lois.

Bien évidemment, aucune des deux parties ne sera pleinement satisfaite d’un éventuel futur accord mais la lente et constante érosion de la voie bilatérale ne peut continuer. Les enjeux sociaux et économique­s pour notre pays sont trop importants.

Nous aurions tort de nous reposer sur nos lauriers et de penser que notre prospérité et notre excellente qualité de vie sont assurées. Il est à noter que le retour de consultati­on de divers milieux est globalemen­t positif. Ce lundi, la présidente de la Confédérat­ion a rencontré son homologue Ursula von der Leyen à Bruxelles pour ouvrir officielle­ment les négociatio­ns entre la Suisse et l’UE. Tous les voyants sont au vert. Notre responsabi­lité est désormais d’aller rapidement de l’avant dans ce dossier ô combien important.

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