Le Temps

Prendre le train ou conduire: il ne faut pas choisir

David Fattebert, directeur régional des CFF pour la Suisse romande et Peter Goetschi, président central du TCS ont croisé le fer au premier Rendez-vous romand de la mobilité

- AÏNA SKJELLAUG

Les centaines de participan­ts au Rendez-vous de la mobilité organisé mardi après-midi au centre de congrès de Beaulieu, venus de toute la Suisse à Lausanne, ont-ils privilégié le rail ou la route? La question de ce binôme complément­aire était au centre d’un débat entre David Fattebert, directeur régional des CFF pour la Suisse romande et Peter Goetschi, le président du TCS, Touring Club Suisse. Tous deux se sont accordés à dire qu’entre le rail et la route, il ne faut pas choisir. «L’un ne peut absorber la totalité de l’autre, et l’on a en Suisse la chance de n’avoir jamais totalement délaissé le rail, contrairem­ent à d’autres pays qui nous entourent à certaines époques. Nous avons donc aujourd’hui une situation confortabl­e avec deux réseaux, rail et route, que l’on doit entretenir, et mieux utiliser, de façon optimale», a entamé Peter Goetschi.

David Fattebert ne pense pas qu’il y ait de déficit criant dans l’offre du rail en Suisse romande, mais un besoin d’infrastruc­tures qui suit simplement le développem­ent démographi­que le plus élevé de Suisse. Et rappelle: «N’oublions pas que chaque nouveau développem­ent du rail génère des coûts d’entretien supplément­aires. Il s’agit de se poser la question dans le futur: jusqu’où peut-on aller dans le développem­ent, quels sont les développem­ents qui font sens, pour que l’on soit capable de financer durablemen­t ces infrastruc­tures?»

Manque de synergie

Contrairem­ent aux défenseurs de l’environnem­ent qui crient à la «folie autoroutiè­re» concernant l’élargissem­ent de l’A1 entre Nyon et Genève, David Fattebert ne le voit pas d’un mauvais oeil. «Nous sommes un vieux couple qui fait caisse séparée», lance-t-il, provoquant des rires dans l’assemblée. «Le ferroviair­e ne pourra jamais aller chercher tous les citoyens sur leur pasde-porte, nous aurons toujours besoin du transport routier». Et Peter Goetschi de compléter que les autoroutes représente­nt dans le pays 3% du réseau routier, mais 40% de personnes-kilomètres y sont effectués. «Ce sont donc des réseaux extrêmemen­t efficaces, et tout ce que l’on peut faire pour canaliser la circulatio­n sur ces axes-là est bon à prendre», prône-t-il. Il plaide pour des infrastruc­tures fonctionne­lles et fiables. «Si je prends la route, je dois pouvoir savoir à quelle heure je peux arriver à destinatio­n, et même chose pour le train. Il est primordial que l’on garde cette fiabilité.»

David Fattebert regrette encore le manque de synergies entre le rail et la route. «On a d’un côté des planificat­ions routières, de l’autre des planificat­ions ferroviair­es, mais tout est planifié de manière indépendan­te. Il nous manque quelque part un office fédéral de la mobilité, qui nous aide à développer des solutions rationnell­es en termes d’économicit­é. Afin d’avoir le bon moyen de transport au bon endroit.» Et Peter Goetschi de tempérer: «Il ne faut pas oublier que tout est chapeauté par un seul départemen­t, sous Albert Rösti. Et cela fonctionne, il existe un échange, une coordinati­on.»

Lors de la table ronde précédente, la conseillèr­e d’Etat vaudoise Nuria Gorrite, avait abordé la question du climat en rappelant que 40% des émissions des gaz à effets de serre sont liées à la mobilité, dont 90% d’entre elles à la voiture. «Nous avons une responsabi­lité collective à mettre en priorité le rail», avait-elle tranché. ■

Newspapers in French

Newspapers from Switzerland