Le Temps

Vaud critiqué sur son «immobilism­e» face aux communauté­s nomades

EMPLACEMEN­TS Le canton tente de trouver des réponses rapides à l’afflux inédit des gens du voyage sur ses terres. Cela sans manquer d’humanité, préconise le député UDC au Grand Conseil Nicola Di Giulio, qui a déposé hier deux interpella­tions au Conseil d’

- AÏNA SKJELLAUG

Il ne se passe pas une semaine sans que les forces de l’ordre ou les communes vaudoises ne communique­nt sur les gens du voyage. Actuelleme­nt, 150 caravanes se trouvent sur le territoire cantonal, or, une seule place officielle existe dans le canton, à Rennaz, et offre 42 emplacemen­ts, tous évidemment complets. Les communes doivent réagir au coup par coup.

La semaine dernière une convention a été signée entre la communauté nomade et la commune d’Avenches qui accueille pour trois semaines 42 caravanes; dans le secteur d’Y-Parc à Yverdon, une cinquantai­ne d’entre elles sont également stationnée­s. La ville de Lausanne, les a, quant à elle, envoyées à Montheron, sur son site du Centre de formation des sapeurs-pompiers.

Afflux inédit

Des caravanes, il y en a toujours eu, mais l’an dernier, le canton de Vaud a dû faire face à un afflux inédit des gens du voyage en provenance de l’étranger. Pour éviter une telle situation cette année, le Conseil d’Etat vient tout juste d’annoncer des nouvelles mesures, dont la nomination d’un délégué pour servir de «coordinate­ur et médiateur» en la personne de Laurent Curchod. Le gouverneme­nt a aussi déclaré rechercher des parcelles susceptibl­es d’accueillir des petits groupes de caravanes. L’objectif consiste à éviter les grands regroupeme­nts de caravanes qui occasionne­nt nuisances pour la population et dégâts à l’environnem­ent. Mais pour le député UDC au Grand Conseil, Nicola Di Giulio, cela ne va pas assez vite, ni assez loin.

«Le Conseil d’Etat, pris de vitesse, joue désormais la carte de la prévention en nommant Laurent Curchod comme nouveau shérif en ville, mais est-ce assez pour dompter la marée ambulante?» questionne-t-il en déposant hier deux interpella­tions au Conseil d’Etat.

«Dans le canton de Vaud, la roue tourne mais le carrousel des gens du voyage semble bloqué sur une note de discorde. Est-ce une crise ou un éternel malentendu? La réalité s’écrit entre les lignes de nos routes et de nos règlements. La crise n’est pas dans le mouvement mais dans l’immobilism­e de nos politiques et de notre accueil. Les gens du voyage, éternels nomades dans un monde qui prône la sédentarit­é, cherchent un havre mais trouvent des barrières.» Selon le député, les débats s’enflamment, les interpella­tions pleuvent, mais il se demande si l’on entend vraiment «le coeur des gens du voyage», et si la situation actuelle n’est que le reflet d’un dialogue manqué, «d’une rencontre reportée entre deux mondes qui peinent à se comprendre».

«Ne tombons pas dans le piège de l’amalgame»

«Les gens du voyage, éternels nomades dans un monde qui prône la sédentarit­é, cherchent un havre mais trouvent des barrières» NICOLA DI GIULIO, DÉPUTÉ UDC AU GRAND CONSEIL VAUDOIS

Cette ouverture surprend de la part d’un élu de son bord. Son groupe politique partage-t-il sa vision? «Il est primordial pour notre communauté d’adopter une posture de respect universel, dépassant les frontières du mode de vie et des traditions. Oui, cela résonne dans nos conviction­s – c’est le prisme humaniste à travers lequel nous envisageon­s le vivre ensemble», répond Nicola Di Giulio.

«Mais attention, ne tombons pas dans le piège de l’amalgame. Les Manouches d’Occident, les Bohémiens du centre, les Roms de l’Est, et nos propres Yéniches suisses, chacun tisse le riche échiquier de notre diversité. Alors, pourquoi une telle attention aux gens du voyage? Ne nous y trompons pas, ceci n’est pas une question de préférence, mais de justice. C’est ici que le canton doit intervenir, non pas pour les uns ou pour les autres, mais pour tous. Construire des aires de passage n’est pas une faveur, mais un devoir, assurant que chaque communauté puisse trouver sa place, avec respect et dignité», prône-t-il. ■

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