A Paris, le match entre sport et design joue les prolongations
Le Musée du Luxembourg propose depuis quelques jours une exposition qui pousse loin la réflexion sur l’influence de la technologie, à quelques mois des Jeux olympiques
En attendant les Jeux olympiques de Paris, le match entre le sport et le design a lieu au Musée du Luxembourg, jusqu'au 11 août. Et le terrain de jeu surprendra le visiteur. En faisant tomber les parois de ce petit musée adossé au palais du Sénat, en les remplaçant par les grillages des terrains de sport urbains et les gradins préfabriqués des arènes sportives de quartier, Konstantin Grcic, commissaire de l'exposition, a voulu créer «une expérience visuelle dynamique». Ce fameux designer allemand, dont certaines créations sont exposées au MoMA (Museum of Modern Art de New York), nous explique le titre de l'événement, MATCH. Design & sport – une histoire tournée vers le futur. «Le point de départ, c'est toujours le match entre deux éléments, le design et le sport, l'homme et la machine, l'athlète et l'équipement, le naturel et l'artificiel… Mais le verbe anglais match (correspondre, harmoniser) peut aussi impliquer un mismatch (décalage, inadéquation). On n'est pas toujours face à l'ajustement parfait.»
Se projeter dans l’avenir du sport
Si elle donne à voir de sublimes objets, comme une selle de compétition réalisée par Hermès sur mesure pour un cheval et son cavalier, ou la très rapide et très suisse moto de Luigi Colani et Fritz Egli, l'exposition ne se limite pas à une présentation de belles choses. «Ne montrer que de beaux objets n'aurait pas été à la hauteur du potentiel de la relation entre design et sport ainsi que du match qui se joue entre les deux», souligne Konstantin Grcic. On découvre ainsi différentes prothèses ainsi qu'un casque de football américain ou la poignée d'une épée conçus sur mesure et imprimés en 3D. Ou même un intrigant implant de cartilage de genou bio-imprimé. Le lieu se projette donc assez loin dans la technologie et la réflexion sur l'avenir du sport, jusqu'à se pencher sur l'utilisation des données dans le façonnement des athlètes de demain.
«Le point de départ, c’est toujours le match entre deux éléments. Le design et le sport, le naturel et l’artificiel» KONSTANTIN GRCIC, COMMISSAIRE DE L’EXPOSITION
Une manière analytique de penser
Au point que le visiteur peut en arriver à se demander ce que le design vient encore faire là-dedans. «Le design ne se résume pas à donner une forme à un objet physique, répond Konstantin Grcic. Le design, c'est une manière analytique de penser. Y a-t-il un problème? Quel problème? Quels outils avons-nous à disposition? Le design est la discipline qui transforme ces informations en une solution créative. On retrouve ça dans tout ce qui est exposé ici.»
Le parcours se conclut donc sur des expérimentations comme le Cybathlon de l'EPFZ, où des athlètes avec handicap s'affrontent en faisant naviguer un avatar sur une piste de course virtuelle. Mais aussi le Speedgate, ce sport conçu par une intelligence artificielle sur la base de 400 autres sports existants.
«Une application peut avoir une belle apparence et une fonction, continue Konstantin Grcic. Mais est-ce qu'elle tourne bien? Est-ce qu'elle aide vraiment son utilisateur? Est-ce que l'utilisateur s'identifie à cette application? Tout cela, c'est aussi la qualité de son design. Il y a beaucoup de technologies qui fonctionnent mais qui ne sont pas nécessairement formidables. Ici, nous avons voulu montrer des choses qui font vraiment une différence, qui sont intelligentes et bien faites, qui vont au-delà de la résolution d'un problème ou de l'offre d'une fonction.»
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