Les démissions s’enchaînent parmi les cadres de Pierre Maudet
Un quatrième haut fonctionnaire occupant un poste clé dans le Département de la santé et des mobilités s’en va. Pour remplacer celui qui avait demandé sa mutation en janvier, le Conseil d’Etat a nommé une nouvelle secrétaire générale
Au sein du Département de la santé et des mobilités (DSM) de Pierre Maudet, les semaines se suivent et se ressemblent. Depuis janvier, pas moins de quatre postes clés de cette administration sont devenus vacants, à la suite du départ de leur titulaire, tandis que la médecin cantonale est en arrêt maladie depuis la fin de l’année dernière.
Hier, 20 minutes a révélé le départ du directeur de la santé numérique et du réseau de soins, confirmé au Temps par le porte-parole du DSM. Sa démission, effective au 31 juillet, fait suite à celle du directeur général de l’Office cantonal de la santé, Adrien Bron, qui occupait cette fonction depuis 2012. Le haut fonctionnaire prend la direction d’un EMS, comme l’a signalé la Tribune de Genève. En février, alors que la pression paraissait surtout forte du côté de la Santé, c’est Nicolas Fournier, secrétaire général adjoint chargé des Mobilités, qui claquait à son tour la porte. Il avait été choisi par Serge Dal Busco, prédécesseur du magistrat élu sous la bannière Libertés et justice sociale. La liste ne s’arrête pas là: en janvier, Le Temps annonçait que le plus haut cadre du DSM, le secrétaire général Jean-Christophe Bretton, avait demandé sa mutation. Il a rejoint le Département des finances de Nathalie Fontanet et sera remplacé à partir du 1er mai par Dragana Straus, nommée ce mercredi par le Conseil d’Etat.
Recherche sur des griefs
Au-delà des situations individuelles, nous exposions en fin d’année dernière l’ambiance «exécrable» au sein des services de Pierre Maudet. Plusieurs témoins évoquaient notamment une «réorganisation fracassante, une agitation permanente et des humiliations». Une description qui paraît bien éloignée de la nouvelle politique de ressources humaines de l’Etat de Genève, initiée par Nathalie Fontanet, afin d’insuffler autonomie, confiance et collaboration dans les rapports de travail.
D’ailleurs, le groupe de confiance – une structure indépendante au sein de l’Etat et compétente concernant les conflits relationnels au travail – a été saisi par des fonctionnaires du DSM. Il a été autorisé par l’exécutif à faire des recherches sur des griefs dont on ignore précisément la nature. On ne sait pas non plus quand ses conclusions seront rendues. A noter cependant que le taux d’absence parmi les cadres est resté stable depuis l’arrivée du magistrat, d’après les chiffres fournis par le département.
De son côté, Pierre Maudet, qui a admis qu’il pouvait se montrer parfois maladroit, se référant pour le reste à une «constellation de cas individuels», a lancé une enquête de satisfaction. Celle-ci a été confiée à un cabinet expert en culture d’entreprise, portant le nom prophétique de «Great Place to Work». Le résultat de ce sondage a opportunément fuité dans la Tribune de Genève, révélant que 55% des collaborateurs se plaisent au DSM. Ce qui laisse tout de même 45% d’employés un peu moins satisfaits. Visiblement, deux mondes se côtoient au sein de ce département.
En matière d’autonomie, signalons que Pierre Maudet est le seul parmi ses collègues à avoir choisi de siéger personnellement au conseil d’administration des trois régies publiques sous sa tutelle, les autres conseillers d’Etat préférant y déléguer un fonctionnaire. Il a aussi pu nommer les présidents de son choix. Quant aux directeurs des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) et des Transports publics genevois (TPG), ils ont eux aussi démissionné. De la précédente législature, seule Marie da Roxa, directrice de l’Institution genevoise de maintien à domicile, est encore en place. ■