Le Temps

Eric Stauffer tente un come-back politique

L’ex-tribun de la politique genevoise vise la présidence d’Arbaz, sa commune d’adoption. Il pourrait le faire sous les couleurs de l’UDC. Cette candidatur­e inattendue est un nouvel épisode dans les tensions qui l’opposent aux autorités

- GRÉGOIRE BAUR X @GregBaur

Les ambitions sont grandes. Eric Stauffer vise ni plus ni moins que la présidence de la commune valaisanne d’Arbaz, dans laquelle il s’est établi en 2018. L’ancien trublion de la politique genevoise va donc se présenter aux élections communales cet automne. Un come-back politique sur fond de tensions latentes et constantes avec les autorités en place.

«J’avais tourné la page de la politique. Mais je me suis toujours engagé contre les injustices et ma commune a dépassé la ligne rouge», appuie-t-il. En quelques heures, le conditionn­el utilisé par la radio valaisanne Rhône FM pour annoncer les intentions d’Eric Stauffer a disparu. Lorsqu’il répond au Temps, l’ancien maire d’Onex use du futur: il sera candidat. Tout en précisant qu’il n’a pas d’autres ambitions politiques pour l’avenir, en Valais.

Si depuis six ans les relations sont très tendues entre l’Arbazien d’adoption et sa commune – les épisodes étant nombreux, entre autorisati­on de construire révoquée ou plainte contre le président. Ce qui fait aujourd’hui sortir de ses gonds et de sa retraite politique Eric Stauffer, c’est la modificati­on du plan d’affectatio­n des zones de la commune (PAZ).

«Il faut parfois un grand coup de sac»

Pour gagner 13 hectares lors du dézonage imposé par la nouvelle loi fédérale sur l’aménagemen­t du territoire, les autorités ont décidé de mettre sous protection les haies, bosquets et autres arbres isolés présents au sein de la zone à bâtir. Opposé à cette mesure urgente ordonnée en février 2022, Eric Stauffer a obtenu gain de cause devant le Conseil d’Etat, pour sa parcelle uniquement. «Je pensais que les autorités modifierai­ent leur vision générale pour la mesure définitive. Mais ce n’est pas le cas», indique Eric Stauffer. L’ex-tribun a donc envoyé, le 18 mars dernier, un tous-ménages aux citoyens d’Arbaz les exhortant à reconsidér­er la politique communale, en y joignant un modèle de recours contre la mise sous protection des cordons boisés.

«La propriété est quelque chose de sacré. Les gens travaillen­t toute leur vie pour s’acheter un bien. Quand on fait face à des hurluberlu­s, à un moment donné il faut dire stop», souligne Eric Stauffer, qui précise qu’au fur et à mesure de ses combats, des citoyens l’ont questionné sur un retour en politique et l’ont poussé à le faire. Et d’appuyer ses propos par une comparaiso­n: «Quand on fait connerie sur connerie, il faut parfois un grand coup de sac, comme au loto, pour repartir de zéro.»

«Les citoyens jugeront»

Principale cible d’Eric Stauffer: Jean-Michel Bonvin, l’actuel président d’Arbaz. «Ce n’est rien de nouveau. C’est la démocratie, avec ses grandeurs et ses misères», souffle l’élu indépendan­t, candidat chrétien-social au Conseil d’Etat valaisan en 2017. Et de poursuivre: «Ce conflit se résume en deux visions différente­s de l’aménagemen­t du territoire, du bien public et des limites du droit de propriété. Nous avons une vision plus montagnard­e, qui ne correspond pas à une vision périurbain­e ou banlieusar­de. Les 13 hectares de cordons boisés représente­nt 30% des surfaces que nous devons dézoner, ce qui n’est pas anodin. De plus, ils ont aussi des valeurs paysagères et de préservati­on de la biodiversi­té. Ce paysage fait partie de notre ADN et j’assume notre décision.»

A quelques mois des élections d’octobre, Jean-Michel Bonvin n’a pas encore arrêté sa décision quant à une possible candidatur­e. «Je vais y réfléchir, mais Eric Stauffer est en train de me motiver pour que je le sois», sourit-il. Tout en estimant que lorsqu’une «démarche privée te mène à des responsabi­lités publiques, ce n’est pas sain. Mais chacun a le droit d’être candidat. Les citoyens jugeront, c’est ce qui fait la grandeur de la démocratie.»

S’il réussit son pari de rentrer à l’exécutif de sa commune et d’y prendre directemen­t la présidence, Eric Stauffer imiterait un certain… Jean-Michel Bonvin, qui l’a fait en 2020. Et cela pourrait s’organiser sous les couleurs de l’UDC. «Des discussion­s sont en cours, toutes les options sont ouvertes, mais rien n’a encore été décidé», précise Jean-Luc Addor, vice-président de l’UDC du Valais romand. Sur le ton de la boutade, Eric Stauffer assure qu’il n’a rien innové: «Je serai le quatrième MCG à l’UDC, puisqu’il y en a trois qui siègent dans leur groupe à Berne.» ■

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