Le Temps

Swatch Group boudera encore Watches & Wonders

Le grand salon se tiendra en avril à Genève sans le groupe biennois. Et cela ne va pas changer de sitôt, a précisé son président exécutif, Nick Hayek, qui a asséné par ailleurs une nouvelle pique à la communauté financière

- STÉPHANE GACHET X @StephaneGa­chet

La conférence de presse annuelle de Swatch Group est toujours un rendez-vous important. Moins pour les chiffres (ils sont connus depuis plusieurs semaines) que pour les déclaratio­ns de Nick Hayek, à la tête du groupe. La séance s’est tenue hier à Bienne dans l’espace Cité du Temps, entre les sièges de Swatch et Omega. Et le maître de céans a lancé quelques piques bien ciblées, comme il en a l’habitude. Florilège.

Commençons par un premier point: l’absence de Swatch Group au salon d’horlogerie Watches & Wonders. La prochaine édition ouvre ses portes à Genève dans deux semaines et demie. La majeure partie de l’industrie y sera, mais pas le groupe biennois, qui n’a participé à aucun grand rassemblem­ent de la branche depuis son départ de Baselworld, en 2019. Questionné par Le Temps, Nick Hayek a fermé toute perspectiv­e d’un retour: «Nous sommes très contents d’être partis de Bâle.» Précisant que si le groupe ne participe pas à ces «concours de beauté», il entretient en revanche certains partenaria­ts avec l’industrie (comme l’accord sur le spiral en silicium liant Swatch Group, Rolex et Patek Philippe). Et d’ajouter: «Aujourd’hui, le monde est plus direct [sa manière de rappeler l’importance d’être sur les marchés, l’Inde en particulie­r a été évoquée hier lors de la conférence de presse, ndlr]. Cela n’apporte aucune plus-value de pouvoir se rassembler quelques jours pour boire du champagne et aller d’un stand à l’autre. Mais je ne critique pas ceux qui le font.»

Les imprécisio­ns de Morgan Stanley

C’est au moment de clore la séance que Nick Hayek a lâché son véritable coup de griffe. Adressé à la communauté financière (que le dirigeant a rencontrée la veille), à l’analyste luxe de Morgan Stanley en particulie­r. Il a utilisé pour cela la parabole de la précision: «Que penserait un client si sa montre dérivait de plusieurs heures par jour?» Pour en venir au fait: le classement des marques publié fin février par Morgan Stanley, qui fait référence dans la branche, présente des erreurs considérab­les. Nick Hayek le prouve par l’exemple: la banque estime le prix moyen des montres Breguet à 15 332 francs, la réalité est à 33 627; Longines est donné à 1062 francs, son prix moyen est de 1910 francs. Ce qui amène à une dérive moyenne de 30% sur les chiffres d’affaires estimés des marques du groupe. «Ce sont des faits! Messieurs, ce n’est pas crédible!»

En 2023, Swatch Group a réalisé des ventes en hausse de 5,2%, à 7,9 milliards de francs. Pour un bénéfice opérationn­el de 1,2 milliard de francs. Hier à la clôture, l’action Swatch Group a gagné 2,15% à 203,80 francs.

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