La Chaux-de-Fonds, l’impossible promotion
Les Abeilles ont de grandes chances d’être champions de Swiss League (LNB) pour la deuxième année consécutive. Mais pour des questions administratives, ils ne peuvent pas rejoindre l’élite. L’engouement populaire demeure en attendant la nouvelle patinoire
XLa vétuste patinoire des Mélèzes tremblera encore de partout ce vendredi soir. Les 5225 places se sont arrachées en quelques minutes pour le troisième match de la finale de Swiss League (deuxième division) qui oppose le HC La Chauxde-Fonds à Grasshopper. Après un premier succès dimanche dans leur ruche, les Abeilles se sont inclinées mardi au bout de la nuit à Küsnacht. Mais les supporters restent confiants et espèrent un second sacre d’affilée dans cette catégorie de jeu. Toutefois, leur bonheur ne serait pas absolu car les succès sportifs sont freinés par les contraintes administratives.
En décembre, la Commission des licences de National League a en effet rejeté le dossier du club des Montagnes neuchâteloises pour accéder à l’élite. Des incertitudes financières, mais surtout des infrastructures dépassées ont motivé cette décision. L’enceinte construite en 1953 dans la cité horlogère ne répond plus aux normes de la première division. La déception était d’autant plus grande à la «Tchaux» que l’année dernière, le dossier avait passé la rampe, mais l’équipe avait raté son ascension lors de finales épiques face à Ajoie.
Distorsion de concurrence sportive
Depuis, la National League a donc durci ses critères, n’accordant des licences potentielles qu’à deux équipes: Olten et Viège. Toutes deux ayant été éliminées avant la finale des play-off, les joueurs d’Ajoie et de Kloten, les deux équipes les moins bien classées de l’élite, ont pu partir plus tôt en vacances, avec le coeur léger de se savoir à l’abri de la relégation. Malgré cette distorsion de concurrence sportive, l’engouement populaire reste fort à La Chaux-de-Fonds. Les fans se mobilisent, ce qui réjouit le conseiller communal (exécutif ) chargé des Sports, Thierry Brechbühler: «Les Chaux-de-Fonniers ont un attachement fort à leur club et même s’il y a une petite frustration car on ne peut pas monter, cela n’empêche pas les gens de se déplacer en masse pour voir les matchs.» Président du club depuis cinq ans, Olivier
Calame est lui aussi un homme satisfait: «Nous montrons une nouvelle fois que nous sommes une ville de hockey. Le succès amène le succès. Les gens sont heureux de sortir, de vibrer ensemble, de voir du bon hockey.» Oui, même s’il n’y a pas de promotion au bout…
CEO de la Fédération suisse de hockey sur glace, Patrick Bloch comprend les regrets neuchâtelois, mais il a beaucoup apprécié le premier acte de la finale, auquel il a assisté: «La Chaux-de-Fonds est vraiment une très bonne équipe, le match était rapide, intense, c’était une excellente publicité pour la Swiss League.»
Pour éviter de nouvelles frustrations et retrouver son glorieux passé (six titres de champion de Suisse), une seule solution pour les Abeilles: une nouvelle patinoire. Et le projet a fortement avancé ces derniers mois, dopé par les succès sportifs. Les autorités politiques et les dirigeants du club ont présenté leur concept au début du mois de mars. Un droit de superficie sera octroyé par la ville à une fondation réunissant des acteurs publics et privés. Elle sera chargée de la reconstruction d’ici à 2028 d’une enceinte au même endroit que l’antre des Mélèzes. Les travaux devraient en principe débuter en 2025 et s’élèveraient à 69 millions de francs.
Sur le plan politique, Thierry Brechbühler est très optimiste. «C’est le projet de la législature.» Unanime, l’exécutif soutient ce projet, de même que les commissions législatives concernées. Le Conseil général devrait lui se prononcer d’ici la fin de l’année et personne n’imagine qu’il dise non. «Maintenant que nous avons un projet concret avec un soutien politique et financier clair, j’espère que la Ligue en tiendra compte l’année prochaine», affirme Olivier Calame. Patrick Bloch rappelle, lui, que la décision finale revient à la Commission des licences de la National League, mais il ne pense pas qu’elle fera une exception tant que la nouvelle patinoire n’aura pas été construite. «Le HC La Chaux-deFonds a maintenant le temps de se préparer à une montée en National League, en remplissant les conditions de licence correspondantes. La promotion pourrait survenir dans quelques années.»
L’élu UDC souligne l’importance du club pour l’image de sa ville. «Le HCC donne un rayonnement positif et illustre le dynamisme de notre région. Mais il faut reconnaître que la résonance est moindre en deuxième division qu’en première.» Quant aux partenaires privés, dont l’intérêt ne cesse de croître, ils sont aussi nombreux à soutenir le projet d’une nouvelle patinoire. Parmi eux, Viteos est très engagé afin que la future enceinte soit un modèle en termes de consommation énergétique. «Mais elle ne s’appellera pas la Viteos Arena», prévient Thierry Brechbühler. Le futur nom, qui devrait être celui d’un partenaire commercial, n’est pas encore connu, mais la patinoire devrait accueillir 5820 places, dont 2200 debout. Il y a aura également des espaces VIP et des infrastructures supplémentaires pour la restauration. «Mais c’est vraiment important que chacun puisse continuer à aller au match, quels que soient ses moyens», insiste Thierry Brechbühler.
«Il faut reconnaître que la résonance du HCC est moindre en deuxième division qu’en première» THIERRY BRECHBÜHLER, CONSEILLER COMMUNAL UDC À LA CHAUX-DE-FONDS
Encore un peu de patience
La nouvelle floraison des Mélèzes devrait donc être accueillie sans trop de débats. Par contre, l’avenir de la Swiss League est fortement discuté ces jours après l’annulation de tout match de promotion-relégation et le retrait du HC Martigny. «Nous devons nous mettre tous autour d’une table afin de se mettre d’accord sur une stratégie globale pour la National et la Swiss League. La situation actuelle n’est pas durable. Nous devons dépasser les intérêts particuliers de chacun», insiste Olivier Calame.
Selon Patrick Bloch, la Swiss League devrait bien compter dix équipes la saison prochaine, Coire remplaçant la formation valaisanne. «Nous devons trouver une solution dans les mois à venir pour stabiliser la deuxième division et mettre l’athlète au centre de nos réflexions.» L’ancien joueur de Bienne et La Chaux-de-Fonds souligne que cette division permet à de nombreux joueurs de se former, mais aussi à des entraîneurs comme Jan Cadieux (Genève-Servette), Luca Cereda (Ambri-Piotta) ou encore à des arbitres de s’aguerrir.
Pour le patron des Abeilles, l’objectif est clair: «Nous voulons rejoindre la National League à terme, mais cela reste du sport et les planètes doivent s’aligner. Nous souhaitons redonner à notre club son lustre d’antan.» Un nouveau titre de champion de deuxième division contre Grasshopper y participerait bien sûr.
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