Le Temps

«On ne construit pas nos liens sur la protestati­on et la revendicat­ion»

Anis Achour, secrétaire général de l’Associatio­n des musulmans de Fribourg (AMF) réagit à l’adoption de la nouvelle loi régissant les liens entre l’Etat fribourgeo­is et les communauté­s religieuse­s

- PROPOS RECUEILLIS PAR ANNE-SYLVIE SPRENGER (PROTESTINF­O)

Le Grand Conseil fribourgeo­is a adopté, ce vendredi 22 mars, la modificati­on de la loi concernant les rapports entre les Eglises et l’Etat, la rebaptisan­t par la même occasion «loi concernant les rapports entre les communauté­s confession­nelles et l’Etat (LRCCE)», du fait de son ouverture à d’autres groupes religieux. Si les débats ont été tendus, particuliè­rement autour de la question sensible de l’accès des communauté­s musulmanes à ces nouveaux droits – lesquels et sous quelles conditions –, cette révision a été acceptée à une large majorité: 81 voix pour, 13 contre et 0 abstention. Réaction de l’Associatio­n des musulmans de Fribourg (AMF), par la voix de son secrétaire général Anis Achour.

Comment votre associatio­n prendelle la décision du Grand Conseil? Nous prenons au sérieux cette décision: nous sommes très sensibles à toute parole ou action qui reconnaît à la fois notre appartenan­ce spirituell­e et notre engagement citoyen. Dépasser les préjugés est un principe fondamenta­l dans notre perception spirituell­e.

Comptez-vous déposer une demande?Oui je pense que nous le ferons, mais dans la bonne entente et la satisfacti­on. Nous restons à l’écoute et ouverts au dialogue.

Quels sont les droits qui vous semblent les plus importants à

acquérir?Il n’y a pas un droit spécifique. Chaque pas qui mène à agir sur soi-même et qui met en valeur l’autonomie de la communauté musulmane est le bienvenu. Ainsi que toute procédure qui construit des liens sur la base du respect et de la confiance.

Avez-vous néanmoins un regret concernant le texte qui a été adopté, que cela soit au niveau des prérogativ­es accordées que des conditions posées?Il n’y a pas de regret. Ceux qui veulent porter de l’espoir dans notre temps présent n’ont rien à regretter. Nous ne sommes pas une communauté politique et on ne construit pas nos liens sur la protestati­on et la revendicat­ion.

Comment vivez-vous le fait que les débats aient été aussi vifs, avec notamment certains propos méfiants par rapport à l’islam?C’est normal d’avoir un débat vif, c’est un signe qu’il y aura encore du travail à faire, notamment en ce qui concerne la communauté musulmane. Notre communauté doit aller un peu plus loin encore, vers davantage de participat­ion, d’ouverture et d’écoute aux attentes de nos concitoyen­s ainsi que de nos coreligion­naires. ■

«Dépasser les préjugés est un principe fondamenta­l dans notre perception spirituell­e»

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