Le Temps

A Genève, la flambée des arnaques sur Facebook Marketplac­e inquiète

Depuis une année, la Brigade des cyberenquê­tes du canton observe un nouveau type de fraudes monter en puissance sur les plateforme­s de vente en ligne. Elle invite les personnes y publiant des annonces à la plus grande prudence

- LORÈNE MESOT @Lorene_Mesot

Il voulait vendre son canapé en ligne, elle souhaitait donner une seconde vie à son ordinateur portable. Finalement, ils se sont fait subtiliser des milliers de francs, sans même s’en apercevoir. A Genève, la Brigade des cyberenquê­tes entend régulièrem­ent ce type d’histoires. Depuis l’année dernière, le nombre d’escroqueri­es sur les plateforme­s de vente en ligne a pris l’ascenseur – 120 cas identifiés en 2023 contre seulement 33 en 2022, et 7 en 2021. Et l’année 2024 risque de battre des records. Le mode opératoire est connu des forces de l’ordre, mais assez peu de la population, raison pour laquelle la police genevoise tient à lancer un signal d’alarme.

«L’escroc va entrer en contact avec le vendeur, se déclarant intéressé par l’objet. Le plus souvent, il va expliquer ne pas avoir Twint, mais un mode de paiement alternatif par PayPal», détaille la lieutenant­e Aline Dard, porte-parole des forces de l’ordre du canton. «Il va ensuite envoyer un formulaire à la victime qui va y renseigner son IBAN, ou le lui demander par téléphone. Parallèlem­ent, une autre personne contacte la victime en lui demandant les codes qu’elle va recevoir par SMS dans le cadre de la double authentifi­cation. Avec ces informatio­ns, les auteurs vont arriver directemen­t sur le compte bancaire de leur victime et effectuer des transactio­ns à leur gré.» Et, souvent, sans même que la victime s’en rende compte.

Si les cas d’arnaques identifiée­s se concentrai­ent plutôt sur la plateforme Anibis l’année dernière, depuis janvier, les utilisateu­rs de Facebook Marketplac­e sont les plus touchés, indiquent les données de la police. Et contrairem­ent à une idée largement répandue, les personnes âgées ne sont pas les premières concernées ici – du fait du profil des personnes qui mettent des objets en vente sur internet. «A Genève, on remarque que les auteurs de ce type d’arnaques opèrent notamment depuis l’Afrique de l’Ouest», précise la lieutenant­e.

«Si vous voulez vendre, il n’y a aucune raison de fournir son IBAN»

Afin d’éviter toute mauvaise surprise, la police conseille de toujours vérifier l’authentici­té du profil d’un acheteur potentiel, de privilégie­r une remise et une transactio­n en mains propres, de ne jamais transmettr­e des codes générés par des applicatio­ns bancaires à des tiers par téléphone ou e-mail, et, lors d’un paiement via Twint, de s’assurer d’être le bénéficiai­re des fonds avant la validation de la vente.

Surtout, «si vous voulez vendre, il n’y a aucune raison de fournir son IBAN. A partir du moment où on vous le demande, c’est qu’il y a une escroqueri­e derrière», résume Aline Dard, qui rappelle qu’il est possible de signaler un profil suspect ou une tentative d’escroqueri­e sur le site internet de l’Office fédéral de la cybersécur­ité.

En cas d’arnaque, la police appelle la victime à contacter sa banque «dans les meilleurs délais» afin de bloquer les comptes et de tenter un retour des fonds et d’aller déposer plainte dans un poste de police. Mais à ce jour, rares sont les personnes qui arrivent à revoir leur argent. Prudence donc.

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