Le ski suisse en fête à Saalbach

Sous le soleil de la station autrichienne, Lara GutBehrami et Marco Odermatt se sont emparés des globes du super-G, tandis que Stefan Rogentin, Loïc Meillard et Arnaud Boisset ont signé un incroyable triplé

Il ne fait guère de doute que parmi tout ce que le ski suisse compte de dirigeants, d'entraîneurs et même de supporters, on s'est levé ce vendredi matin avec l'espoir de vivre une bonne journée et d'avoir, le soir venu, quelque chose à fêter. Mais il est également probable que personne n'avait anticipé le triomphe qui s'annonçait.

Les super-G féminin et masculin des finales de la Coupe du monde de Saalbach devaient permettre à Lara Gut-Behrami et Marco Odermatt de remporter un troisième globe de cristal chacun, après ceux du classement général et du slalom géant qu'ils avaient assurés le weekend dernier. Ils y sont parvenus sans souci, même si l'une comme l'autre ont signé leur moins bon résultat de la saison dans la spécialité: une septième place pour la Tessinoise, une cinquième pour le Nidwaldien.

Exploits individuels

Bref, comme depuis le début de l'hiver, ces deux-là font le succès du ski suisse, qui écrase le classement des nations: 1804 points d'avance sur l'Autriche avant les deux dernières épreuves de l'hiver. Le différentiel représente l'équivalent de 18 victoires en Coupe du monde. C'est énorme. Et ce n'est pas le seul fait de Lara Gut-Behrami et Marco Odermatt. Un improbable trio s'est appliqué à le faire remarquer vendredi à Saalbach.

Avant que le meilleur skieur du monde ne limite les dégâts sur la neige molle de la station autrichienne, qui a toutefois réussi à sauver sa piste malgré un jeudi de pluie, Stefan Rogentin, Loïc Meillard et Arnaud Boisset avaient profité de leur forme du moment et de petits dossards pour monopoliser le podium du dernier super-G de la saison. Selon l'agence Keystone-ATS, qui fut prompte à ausculter ses archives, le dernier triplé suisse masculin remontait au 19 janvier 1996 lors d'une descente à Veysonnaz. C'est dire la rareté d'un tel tir groupé.

En l'occurrence, il constitue surtout un exploit individuel pour chacun des trois bonshommes impliqués. A 29 ans, Stefan Rogentin n'avait encore aucun succès en Coupe du monde à son actif, et un seul podium, une deuxième place lors du super-G de Wengen en 2023. Loïc Meillard, battu pour 0''03, n'avait, lui, jamais fait mieux que troisième dans la spécialité. Il confirme avec ce nouveau résultat probant sa valeur de skieur polyvalent, et sa deuxième place au classement général derrière un Marco Odermatt qui devra se méfier de son coéquipier l'an prochain. Enfin, Arnaud Boisset conclut sa première saison complète dans l'élite par un podium qui en appelle d'autres, tant le Valaisan de 25 ans a trouvé sa place parmi les meilleurs skieurs du monde.

Une saison exceptionnelle pour la Suisse

Ce week-end, l'attention va à nouveau se braquer sur Lara Gut-Behrami et Marco Odermatt, qui auront l'occasion lors des descentes féminine (samedi) et masculine (dimanche) de chacun remporter leur quatrième globe de cristal de la saison, un exploit extrêmement rare dans l'histoire de la discipline. La Tessinoise de 32 ans doit encore se méfier des Autrichiennes Cornelia Hütter et Stephanie Venier, tandis que le Nidwaldien de 26 ans aura affaire au Français Cyprien Sarrazin, notamment double vainqueur à Kitzbühel cet hiver et de retour de blessure.

Les deux athlètes suisses partent toutefois avec une avance relativement confortable, qui leur assurerait notamment le trophée si les courses devaient être annulées. Après le chaud et la pluie de la semaine, c'est la neige qui devrait s'inviter dès demain à Saalbach, menaçant la tenue de courses qui nécessitent une bonne visibilité. Quoi qu'il arrive, on ne perdra pas de vue que la Suisse a réussi une saison exceptionnelle. ■