Le Temps

«Latecomers»

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C’est un petit pas pour l’homme mais un grand pour la fiction: en 2024, la télévision est plus représenta­tive que jamais. Gentiment mais sûrement, les séries donnent plus de place à ces personnage­s aux physiques, aux origines, aux orientatio­ns sexuelles différents, pour des histoires plus riches et proches de nos réalités. Reste que sur les petits écrans, le handicap se fait encore rare: 1%, selon l’Arcom, organe de régulation de la communicat­ion audiovisue­lle en France. Et les clichés ont la vie dure…

Parmi les histoires qui relèvent la barre, il y a

Latecomers. Cette mini-série australien­ne, proposée ces jours par Arte, s’attache non pas à un mais à deux personnage­s en situation de handicap. Frank (Angus Thompson) et Sarah (Hannah Diviney), trentenair­es atteints d’infirmité motrice cérébrale, à des degrés différents – Sarah souffre d’une mobilité réduite tandis que Frank s’exprime plus difficilem­ent. Mais tous deux ont en commun une préoccupat­ion: n’avoir jamais fait l’amour. Et ils se retrouvent à devoir écouter leurs proches aidants en plein ébat dans la pièce d’à côté…

En six courts épisodes qui se regardent d’une traite, Latecomers explore les relations qui se nouent entre ces quatre Australien­s et, surtout, les désirs finalement si banals de Frank et Sarah – d’amour, de connexion, de plaisir. Au pilotage, Angus Thompson et sa collaborat­rice Emma Myers, portent à l’écran leurs expérience­s. «Je voulais montrer à quel point il peut être frustrant d’être toujours vu comme un ami, mais jamais comme un partenaire», expliquait Thompson au Guardian.

On pense à la téléréalit­é Netflix Love on the Spectrum, et ses rencontres amoureuses entre personnes en situation de handicap. Un genre de «qui se ressemble s’assemble» parfois artificiel, voire gênant. Latecomers choisit justement d’exploser nos attentes, avec humour… et sans tabou. Pour Hannah Diviney, il fallait des scènes de sexe et un minimum de nudité. Pas de raison que leurs personnage­s n’y aient pas droit. Pour une fois, l’invisible devient visible, à tous les niveaux.■ V. N.

Une mini-série d'Emma Myers et Angus Thompson (2022), à voir sur Arte.

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