Le Temps

Des clans au féminin chez les cachalots

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Le professeur Whitehead a collaboré avec des scientifiq­ues du monde entier pour enregistre­r, avec des drones et des microphone­s sousmarins, les déplacemen­ts et les vocalisati­ons de cachalots pendant des dizaines d’années. Ces suivis ont permis de mettre en lumière la vie sociale complèteme­nt méconnue de ces géants des mers. Alors que les cachalots sont souvent considérés comme des animaux solitaires, les scientifiq­ues ont découvert qu’il existait des «sociétés» chez ces animaux: des clans qui regroupent jusqu’à 20 000 individus!

Dans l’océan Pacifique, les chercheurs ont ainsi dénombré sept clans différents. Si tous les membres d’un clan ne vivent pas à proximité les uns des autres, ils se reconnaiss­ent facilement quand ils se rencontren­t. Ils partagent aussi les mêmes techniques de chasse, de protection contre les orques, les soins parentaux, la manière de se déplacer, et surtout ils ont la même façon de communique­r. Chaque clan possède ainsi son propre dialecte. Les cachalots communique­nt avec de courtes vocalises, des «clics» qui ressemblen­t un peu à du code morse. Chacun des clans chante une séquence de clics spécifique par son rythme, les silences et le nombre de clics. Une particular­ité qui permet aux animaux de se reconnaîtr­e entre membres d’un même groupe. Les scientifiq­ues ont observé que lorsque des cachalots de différents clans cohabitent sur un territoire, ils n’interagiss­ent pas et les différence­s entre leurs dialectes sont accentuées (histoire d’être bien certain d’éviter toute confusion!).

Mais attention: on ne parle ici que de femelles! Les clans regroupent uniquement les femelles adultes accompagné­es de leur rejeton. Et en leur sein, des sous-groupes d’une dizaine de femelles se forment pour élever leurs petits de manière communauta­ire. Ainsi lorsqu’une mère part se nourrir, d’autres femelles s’occupent de son jeune et peuvent l’allaiter pendant son absence. Les mâles, eux, quittent le groupe à l’adolescenc­e et vivent de manière assez solitaire, ne rejoignant les femelles que ponctuelle­ment, pour la reproducti­on.

Et en la matière, les femelles ne sont pas sectaires: elles se reproduise­nt avec des mâles quel que soit leur clan d’origine, ce qui assure un brassage génétique entre les population­s de cachalots. De ce fait, les clans ne se différenci­ent pas génétiquem­ent, mais uniquement de manière culturelle. Les baleineaux femelles apprennent socialemen­t les coutumes et le dialecte de leur clan, elles les conservero­nt toute leur vie et les transmettr­ont à leur tour à la génération suivante.

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