Le Temps

A l’abbatiale de Payerne, un geste pour les pèlerins

Sur la route de Compostell­e en Suisse, l’abbatiale de la Broye reste l’unique étape payante. Face au refus de celle-ci de permettre le libre accès aux pèlerins, une associatio­n s’est cotisée pour leur proposer des «entrées suspendues»

- AÏNA SKJELLAUG

En juin, une pétition signée par 225 pèlerins de Saint-Jacques exigeait l’entrée gratuite de l’abbatiale de Payerne, lieu désormais désacralis­é, transformé en musée. Sur le chemin de Compostell­e, en Suisse, c’est l’unique étape payante. Malgré cela, les responsabl­es de l’abbatiale de Payerne n’ont pas consenti à appliquer la gratuité, ni même un tarif préférenti­el, pour les pèlerins en marche vers Compostell­e. Déclarant que l’abbatiale n’est qu’un musée comme un autre, ils exigent le même tarif d’entrée pour tout le monde, soit 16 francs. «Ce n’est pas l’entrée dans une église, mais bien le contenu historique présenté de façon ludique qui justifie la taxe d’entrée», affirme l’Associatio­n du site de l’abbatiale de Payerne.

«Verticalit­é spirituell­e»

Fort de ce constat, et afin de permettre malgré tout aux personnes en marche pour de longs mois de se ressourcer dans ce haut lieu, les membres de l’associatio­n suisse des Amis du Chemin de Saint-Jacques ont décidé de leur offrir des billets d’entrée. Plus de 1000 francs ont ainsi été récoltés. Une somme qui servira à acheter des «billets suspendus» à l’attention des pèlerins munis d’une crédential­e, ce passeport qui authentifi­e le statut de la personne en route vers Santiago.

Olivier Cajeux, coordinate­ur de Via Jacobi 23, le chemin suisse de Compostell­e, estime qu’il est «inconcevab­le que l’on doive renoncer à cette découverte pour des raisons financière­s» et que le prix de 16 francs est une «somme énorme dans le budget d’une personne partie pour un périple de plusieurs mois». Il nous expliquait cet été le quotidien des pèlerins. «Sur le chemin de Saint-Jacques, après de longues heures de marche, les pèlerins se ressourcen­t dans des églises et cathédrale­s: Saint-Gall, Einsiedeln, Tavel, Fribourg, Lausanne et Genève, le temple de Saint-Sulpice. Cette verticalit­é spirituell­e complète l’horizontal­ité des paysages traversés, décrivait-il. En Suisse, toutes sont gratuites. Sauf l’abbatiale de Payerne, au prétexte que c’est un musée.» Pour le marcheur, c’est doublement dommage, car, selon lui, le but du pèlerin n’est pas de visiter une exposition mais de «s’asseoir, récupérer, respirer, dans l’émotion que procure cette abbatiale». Par contre, «c’est le genre de lieu qui donne envie de revenir, plus tard, pour une visite», estimait-il.

Une marche samedi

Chaque année, le pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostell­e réunit plus d’adeptes. D’à peine 10 000 en 1992, le nombre de pèlerins est monté à 50 000 en l’an 2000, à plus de 200 000 en 2013, à 430 000 en 2022, lors de l’année jacquaire, et à 438 000 en 2023. Les marcheurs en provenance d’Espagne sont les plus nombreux, suivis des Allemands, des Italiens, des Portugais et des Français. En Suisse, la Via Jacobi traverse le pays du lac de Constance à Genève, sur 700 kilomètres environ.

Samedi 23 mars, au terme d’une marche partie de Fribourg, l’associatio­n ira en délégation acheter de nombreuses entrées, et se retrouvera aux environs de 16h à l’abbatiale de Payerne.

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